Les ministres koweïtiens ont présenté mardi leur démission après une motion de députés réclamant d'interroger deux d'entre eux sur une amende payée à une firme américaine, a annoncé le chef du Parlement.

Mais il n'était pas clair dans l'immédiat si le premier ministre Jaber Moubarak al-Sabah, membre de la famille régnante, avait présenté cette démission à l'émir.

«J'ai été informé que les ministres ont présenté leur démission au premier ministre et par conséquent il n'y aura pas de session du Parlement demain (mercredi)», a dit Ali al-Rashed aux journalistes.

Les ministres ont boycotté la session du Parlement, dont le chef a dû lever la séance.

Tous les ministres, sauf un, sont des membres non élus du Parlement, et la session de la chambre ne peut se tenir que si au moins l'un d'entre eux y est présent.

Selon la loi, le gouvernement peut démissionner seulement après que le premier ministre présente sa propre démission et celle de ses ministres à l'émir, qui aura le dernier mot.

Ces démissions sont survenues après une motion de députés demandant à interroger les ministres du Pétrole et de l'Intérieur notamment au sujet du règlement d'une amende de 2,2 milliards de dollars au géant américain de la pétrochimie Dow Chemical.

Il s'agit du premier bras de fer entre le gouvernement et les députés pourtant considérés comme loyaux au cabinet depuis les élections du 1er décembre boycottées par l'opposition.

Pour le député islamiste Khaled al-Shulaimi, «le boycottage des ministres prouve que c'est le gouvernement qui crée les problèmes».

Ce boycottage ne pourra cependant empêcher l'interrogatoire des ministres, mais ne fera que le retarder. Cela pourrait aboutir à une motion de défiance qui poussera les ministres concernés à la porte.

Médias et hommes politiques ont exprimé leur colère après l'annonce la semaine dernière par la compagnie d'État Petrochemical Industries Co du paiement d'une compensation de 2,2 mds USD à Dow pour son retrait d'un projet pétrochimique conjoint de 17,4 mds USD.

Le riche émirat pétrolier, première monarchie du Golfe à s'être dotée d'un Parlement élu en 1962, est secoué par des crises politiques à répétition. Il a connu depuis la mi-2006 dix gouvernements alors que le Parlement a été dissous six fois.