Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a indiqué lundi que son pays ne permettrait pas que des «armes sophistiquées» en Syrie tombent aux mains «du Hezbollah ou d'autres éléments hostiles», confirmant implicitement un raid israélien en janvier près de Damas.

«Lorsqu'ils ont franchi cette ligne rouge, nous avons agi», a-t-il dit dans une conférence de presse conjointe à Tel-Aviv avec le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel.

Il faisait apparemment allusion au raid qui a visé selon des sources militaires américaines, un convoi de missiles sol-air présumé à destination du Hezbollah libanais ainsi que des bâtiments soupçonnés d'abriter des armes chimiques le 30 janvier.

Le 3 février, son prédécesseur, Ehud Barak, avait aussi admis à demi-mot ce raid. «Ce qui s'est passé il y a quelques jours montre que quand nous disons quelque chose, nous nous y tenons», avait-il dit en rappelant les mises en garde d'Israël contre le «transfert de systèmes d'armes perfectionnés au Liban».

De son côté, M. Hagel a confirmé avoir finalisé avec son homologue israélien des contrats de vente d'équipements militaires américains. «Nous avons fait aujourd'hui un nouveau pas important dans la relation de défense américano-israélienne», a déclaré le secrétaire à la Défense.

Les États-Unis vont livrer à Israël «une panoplie de nouvelles capacités militaires avancées», a-t-il indiqué, citant «des missiles antiradiation et des radars perfectionnés pour les avions de chasse, des avions de ravitaillement en vol KC-135 et surtout des appareils de transport V-22 Osprey, que les États-Unis n'ont fournis à aucun autre pays».

M. Yaalon a prévenu que le transfert d'armes chimiques syriennes à des groupes armés constituerait également une ligne rouge, mais que celle-ci n'avait pas «encore été franchie».

Les deux ministres ont ensuite survolé en hélicoptère la partie du plateau syrien du Golan occupée par Israël, puis M. Hagel a rencontré à Jérusalem le président israélien Shimon Peres, avec qui il a notamment évoqué la question iranienne.

«J'ai toute confiance en votre position et votre sérieux, parce que nous savons que l'Iran est une menace non seulement pour Israël, mais pour le monde», a déclaré M. Peres, selon un communiqué de la présidence. Il a ajouté que cette visite était «un message à l'Iran de ne pas le faire (se doter de l'arme nucléaire, NDLR), qu'il a le choix».

Dans une interview à la BBC diffusée jeudi, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s'était dit «inquiet que des armes qui pourraient changer l'équilibre des forces au Moyen-Orient tombent aux mains de ces terroristes», citant le Hezbollah, un allié du régime syrien et de l'Iran, ainsi que les groupes jihadistes et Al-Qaïda dans les rangs de la rébellion syrienne.

«Nous nous réservons le droit d'empêcher cela de se produire», avait ajouté M. Nétanyahou. «Armer les rebelles pose la question de quels rebelles et quelles armes».

Israël, officiellement en état de guerre avec la Syrie, surveille attentivement les combats à proximité de la ligne de cessez-le-feu sur le Golan.

M. Hagel devait s'entretenir avec M. Nétanyahou mardi matin avant de partir pour la Jordanie, prochaine étape de sa tournée au Moyen-Orient, la première depuis son arrivée au Pentagone il y a deux mois.