Un puissant séisme a frappé mardi une zone rurale du sud de l'Iran, à une centaine de kilomètres de la ville de Bouchehr où est construite la seule centrale nucléaire du pays, faisant au moins 30 morts et 800 blessés selon un bilan provisoire qui pourrait s'alourdir.

Située sur la côte du Golfe, l'installation nucléaire n'a pas été endommagée par ce séisme, d'une magnitude estimée à 6,1 par le Centre de sismologie iranien, a affirmé le gouverneur de la province de Bouchehr, Fereydoun Hasanvand.

Le séisme, dont l'épicentre se situe dans la localité de Kaki (12 000 habitants), à 89 km au sud-est de la ville côtière de Bandar Bouchehr, a également été ressenti dans plusieurs pays du Golfe, selon des témoins.

«Sur la base des derniers chiffres, 30 de nos concitoyens ont été tués», a déclaré à la télévision Fereydoun Hasanvand, faisant état également de plus de 800 blessés dans le tremblement de terre.

Citée par l'agence Irna, une source hospitalière avait auparavant fait état de 20 cadavres transportés à l'hôpital de Khormoj, à 35 km au nord de Kaki.

Les forces de sécurité et des équipes de secours ont été déployées et des tentes, des couvertures et de la nourriture ont été distribuées, mais le chef du Croissant-Rouge iranien, Mahmoud Mozafar, a dit craindre que le bilan s'alourdisse.

«Il est probable qu'il y ait des dégâts, étant donné que la zone touchée est rurale», a-t-il expliqué aux médias, notant des «dégâts majeurs» et un village «détruit à 100%» dans la zone de Khormoj.

Selon la télévision, l'électricité et les communications téléphoniques ont été coupées dans le secteur touché où près d'une quinzaine de répliques ont été enregistrées. La plus forte a été mesurée à 5,3 de magnitude.

Mais l'unique centrale nucléaire du pays n'a pas été touchée, selon les autorités. «Aucun dégât n'a été enregistré à la centrale nucléaire de Bouchehr», a déclaré M. Hasanvand. L'ingénieur en chef de la centrale, Mahmoud Jafari, a également assuré qu'il n'y avait eu «aucune rupture dans les protocoles opérationnels ou de sécurité».

«On a eu peur»

Le séisme a eu lieu à 16 h 22 (locales, 7h à Montréal), selon le Centre américain de géophysique (USGS) qui a estimé sa magnitude à 6,3.

La secousse a été ressentie jusqu'à la grande ville de Shiraz, située dans les terres à 170 km au nord-est de Kaki.

Elle a été aussi ressentie dans les monarchies arabes du Golfe proches de l'Iran, notamment les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar et le Koweït provoquant la panique dans certaines tours de bureaux, selon des témoins.

«Je regardais la télévision quand tout l'immeuble s'est mis à trembler. On a eu très peur», raconte un habitant d'Abou Dhabi à l'AFP. Les médias locaux ont rapporté que plusieurs tours avaient été évacuées à Dubaï.

«Nous avons ressenti une légère secousse à Dubaï il y a un moment. Les lustres tremblaient», a raconté un habitant de Dubaï sur Twitter.

Des témoins à Manama ont pour leur part fait état de l'évacuation de plusieurs immeubles à la suite du séisme.

«Tout le bureau a tremblé. On a eu peur», a raconté pour sa part un employé travaillant dans une tour de la capitale koweïtienne.

La centrale de Bouchehr, construite par la Russie qui fournit son combustible, a connu de nombreux déboires et arrêts techniques depuis son entrée en production à l'automne 2011. Moscou avait repris en 1995 sa construction, commencée par les Allemands avant la révolution islamique de 1979.

L'Iran, qui fêtait mardi la Journée nationale de la technologie nucléaire, est situé sur plusieurs failles sismiques importantes et a connu de nombreux tremblements de terre dévastateurs.

Le séisme le plus meurtrier ces dernières années a tué 31 000 personnes à Bam (sud), soit un quart de la population de la ville, en décembre 2003. En août 2012, deux secousses de magnitude 6,3 et 6,4 avaient fait 306 morts et plus de 3000 blessés près de la ville de Tabriz (nord-ouest).