Un bombardement de l'OTAN samedi dans l'est de l'Afghanistan a tué dix enfants afghans, ont déclaré dimanche plusieurs responsables locaux.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'OTAN a donné une version différente. Il a indiqué que «jusqu'à dix femmes et enfants avaient été blessés, mais non tués» dans l'opération, qui a eu lieu dans la très instable province du Kunar.

Le bombardement s'est tenu alors qu'un combat intense opposait des troupes afghanes et américaines à des insurgés talibans, ont déclaré deux sources différentes à l'AFP.

«Avant le bombardement, un Américain a été tué et quatre membres des forces de sécurité afghanes ont été blessés dans une attaque des insurgés», a commenté Wasifullah Wasifi, le porte-parole du gouvernement provincial du Kunar.

La mort d'un civil américain dans l'est afghan a été annoncée samedi par les forces armées américaines par communiqué, sans plus de précisions. Le porte-parole de l'ISAF a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait bien du même incident.

«On nous tirait dessus depuis plusieurs maisons de la zone. Un Américain a été tué et plusieurs de nos hommes blessés. La force de la coalition a répondu par un bombardement», a expliqué une source sécuritaire afghane présente durant l'opération.

«Nous ne savions pas qu'il y avait des femmes et des enfants dans la maison. Les talibans les ont utilisés comme des boucliers», a poursuivi cet homme sous couvert d'anonymat.

D'après Abdul Zahir, le gouverneur du district de Shigal, où les combats se sont tenus, dix cadavres d'enfants ont été rapportés par les villageois à Asad Abad, capitale du Kunar, alors que six femmes ont été prises en charge à l'hôpital provincial.

Selon Sayed Rahman, responsable de la sécurité de Shigal, une femme aurait également péri dans le bombardement.

Abdulqahar Balkhi, un porte-parole des talibans, a regretté sur Twitter la mort de «22 civils innocents devenus martyrs à cause d'un bombardement des terroristes américains et de l'OTAN», dont «15 membres d'une même famille».

Les talibans ont coutume d'exagérer les pertes civiles de la coalition, au même titre que cette dernière, dans la guerre de communication qui l'oppose aux insurgés, minore généralement les victimes civiles qu'elle génère.

Malgré onze années de présence de la coalition de l'OTAN, qui les a chassés du pouvoir, les talibans n'ont toujours pas été mis hors de combat. Ils poursuivent leur guérilla contre les forces internationales et contre les forces gouvernementales afghanes, principalement dans le sud et l'est du pays.

Avril marque le début de la «saison des combats» en Afghanistan, après un hiver rigoureux généralement plus calme.

Samedi, 5 autres membres de la coalition, trois militaires et deux civils, ont également été tués lors d'une attaque à la voiture piégée dans le sud du pays, faisant de cette journée la plus meurtrière pour la coalition internationale en près de huit mois.