Les Palestiniens ont enterré jeudi un prisonnier sexagénaire décédé en Israël et deux jeunes tués par des soldats dans un climat de vive tension, le président Mahmoud Abbas accusant le gouvernement israélien de saper les efforts de paix américains.

Les funérailles de Maïsara Abou Hamdiyeh, un détenu dont le décès controversé mardi en Israël a soulevé une vague de manifestations depuis mardi, se sont déroulées dans le calme à Hébron (sud de la Cisjordanie), sa ville natale.

Des milliers d'habitants se sont pressés pour accompagner le cortège funèbre, dans une marée de drapeaux palestiniens et de fanions jaunes pour le parti Fatah (nationaliste) et verts pour le Hamas (islamiste).

Parallèlement, des heurts violents ont continué d'opposer quelque 150 jeunes Palestiniens et soldats israéliens pour la troisième journée consécutive dans la vieille ville d'Hébron, selon l'AFP.

Une vingtaine de Palestiniens ont été blessés légèrement par des balles caoutchoutées, selon des sources sécuritaires palestiniennes.

Les commerces, écoles et bureaux sont restés fermés dans cette cité palestinienne, la plus peuplée de Cisjordanie.

Au même moment, Amer Nasser, 17 ans, et son cousin Naji Balbisi, 19 ans, mortellement blessés par balle mercredi soir par des soldats israéliens à un barrage militaire dans le nord de la Cisjordanie, ont été portés en terre en présence de 6000 personnes à Anabta, un village proche de Tulkarem.

Le cadavre de Balbisi a été découvert à l'aube jeudi. Son cousin, atteint à la tête, avait été tué tard mercredi soir au même endroit et son cadavre recueilli peu après, selon des sources médicales et des responsables de la sécurité palestinienne.

«Amer avait un tempérament nationaliste. Ils l'ont assassiné de sang-froid», a déclaré à l'AFP un de ses amis. Un troisième jeune Palestinien a été blessé lors de l'accrochage de la soirée.

L'armée israélienne a précisé que les troupes avaient ouvert le feu sur un groupe qui lançait des cocktails Molotov en direction du checkpoint israélien.

Atmosphère volatile

Huit Palestiniens ont été tués par l'armée en Cisjordanie occupée depuis le début de l'année, selon un bilan palestinien. Un septième Palestinien a été tué par balle dans la bande de Gaza en janvier.

Des affrontements ont été également recensés au nord d'Hébron et près de Naplouse.

À Gaza, un groupe armé a tiré jeudi matin au moins un obus de mortier contre le sud d'Israël, sans faire de blessé. L'armée a confirmé le tir sans pouvoir dire s'il s'agissait d'un obus de mortier ou d'une roquette.

Ce regain de violence survient dans une atmosphère volatile dans les Territoires palestiniens, réminiscence des intifadas mais sans les violences généralisées les ayant accompagnées.

La mort du détenu Abou Hamdiyeh a également provoqué un mouvement de protestation dans des prisons israéliennes, où 1900 détenus palestiniens ont refusé de prendre leur petit déjeuner jeudi, selon le service pénitentiaire israélien (IPS). La veille, 4600 prisonniers avaient renvoyé leurs repas.

Le président Abbas a imputé la responsabilité de la mort d'Abou Hamdiyeh au gouvernement du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Jeudi, il a attribué à Israël la responsabilité de «l'escalade» dans les Territoires et lui a reproché de mettre en péril les tentatives de Washington pour relancer le processus de paix au Proche-Orient.

La colère de la rue palestinienne survient quelques jours avant que le secrétaire d'État américain John Kerry n'effectue son troisième déplacement en un mois au Proche-Orient, avec des étapes à Jérusalem et à Ramallah.

Le premier ministre palestinien Salam Fayyad a de nouveau exhorté la communauté internationale à intervenir 'immédiatement» pour protéger son peuple de «la tyrannie de l'occupant et du terrorisme des colons».