Les rédactions de quatre quotidiens irakiens ont été saccagées et des journalistes brutalisés par des hommes armés lundi, provoquant l'indignation de la mission de l'ONU en Irak et d'associations de défense de la liberté de la presse mardi.

Les inconnus ont pris pour cible les rédactions des journaux Al-Doustour (La Constitution), Al-Parliament (Le Parlement), Al-Nass (Le Peuple) et Al-Moustaqbal (L'Avenir) à Bagdad lundi soir.

Les quatre quotidiens ont en commun d'avoir publié des articles très critiques envers le clerc chiite Mahmoud al-Sarkhi.

«Environ 30 hommes armés et habillés en civil ont pénétré dans nos bureaux après avoir défoncé la porte et mis le feu à ma voiture», a raconté Ali Darraji, rédacteur en chef d'Al-Moustaqbal, à l'AFP.

«Ils sont entrés dans mon bureau, ont détruit des ordinateurs et tout saccagé», a-t-il poursuivi.

Selon un médecin de l'hôpital Ibn Nafis, six journalistes ont été soignés pour des blessures infligées pendant ces attaques.

Dans un communiqué, le chef de la mission de l'ONU en Irak, Martin Kobler, a jugé que «quelles que soient les circonstances, il est inadmissible de s'attaquer aux médias et aux journalistes».

L'Observatoire de la liberté de la presse, une ONG basée en Irak, a condamné ces incidents, de même que Mouayad al-Lami, le directeur du syndicat des journalistes irakiens.

Dans une interview à l'AFP, M. Lami a réclamé une enquête «pour savoir qui est derrière ces attaques». «Nous sommes en contact avec des dignitaires religieux (...) car les agresseurs ont évoqué certains groupes religieux» pendant les attaques, a-t-il ajouté.

L'Irak est régulièrement pointé du doigt pour le peu de liberté dont jouissent les journalistes. Le pays est 150e sur 179 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), 93 journalistes ont été tués entre 2002 et 2011 dans des circonstances qui n'ont toujours pas été élucidées.