Le président afghan Hamid Karzaï exige le retrait des forces spéciales américaines de la province instable du Wardak, les accusant d'avoir créé des «groupes armés illégaux» coupables d'actes de torture et de meurtres, a annoncé la présidence dimanche.

Le Wardak, qui se situe à la frontière sud-ouest de Kaboul, est un repaire de l'insurrection talibane, où les forces de sécurité afghanes peinent à s'imposer.

«Le président Karzaï a ordonné au ministre de la Défense de faire partir les forces spéciales américaines de la province du Wardak dans les deux semaines à venir», a déclaré Aimal Faizi, le porte-parole du chef de l'État lors d'une conférence de presse.

«Les forces spéciales américaines et des groupes armés illégaux qu'elles ont créés génèrent de l'insécurité, de l'instabilité, et harcèlent les habitants» dans cette province, a-t-il poursuivi.

Ces groupes «torturent et tuent des gens», a affirmé un communiqué de la présidence.

«Par exemple, neuf habitants de cette province ont été capturés durant une opération (...) et on ne sait plus rien d'eux. Un étudiant a également été pris chez lui. Deux jours plus tard, son corps égorgé a été retrouvé sous un pont», énumère ce texte.

«Les Américains nient ces opérations et disent que leurs forces ne sont pas responsables», affirme le communiqué.

«Nous prenons ces allégations de mauvaise conduite au sérieux. Nous nous employons assidûment à déterminer les faits y étant liés», a répondu par écrit un porte-parole des forces américaines, interrogé par l'AFP.

«Nous ne ferons pas de commentaire jusqu'à ce que nous puissions parler de cette question avec des représentants de haut niveau du gouvernement afghan», a-t-il poursuivi.

La décision présidentielle a été prise à la suite d'une enquête après que des habitants du Wardak furent venus se plaindre à Kaboul, a précisé Aimal Faizi.

Les relations entre Kaboul et Washington se tendent à moins de deux années du retrait du pays de l'essentiel des troupes de l'OTAN, que dirigent les États-Unis. Le président Karzaï se plaint régulièrement des bombardements américains sur son territoire lorsque ceux-ci frappent des civils.

Le Wardak est un territoire clé de par sa proximité avec la capitale Kaboul. La présence d'insurgés dans cette zone rend difficile le transport par la route en direction de Kandahar et des provinces du sud.

Malgré onze années de présence et jusqu'à 130 000 soldats étrangers mobilisés, la coalition, qui soutient un fragile gouvernement afghan et a formé à marche forcée 352 000 soldats et policiers, n'a jamais pu mater les rebelles, encore très actifs via des opérations de guérilla.

Nombre d'Afghans, peu convaincus par leurs forces de sécurité, craignent un nouvel embrasement du pays après 2014. L'Afghanistan est en guerre depuis plus de trois décennies.