L'armée afghane forme des femmes au sein des forces spéciales pour participer aux raids nocturnes contre les insurgés, une petite révolution dans cette société très conservatrice.

«Si un homme peut exercer ces fonctions, pourquoi pas une femme?», demande Lena Abdali, une soldate afghane de 23 ans qui a été l'une des premières femmes à se joindre aux forces spéciales, en 2011.

Les raids nocturnes sont depuis longtemps une source de conflit entre le président afghan Hamid Karzaï, qui ne veut pas que des soldats étrangers entrent dans les résidences des Afghans, et la coalition internationale, qui affirme que les raids sont essentiels pour capturer des commandants talibans.

Pour les Afghans, les raids nocturnes dans les maisons sont culturellement choquants. Le fait que des soldats masculins fouillent des femmes est un tabou. Tout comme toucher un Coran familial ou entrer dans une maison sans y avoir été invité. Les Afghans déplorent aussi que des femmes et des enfants soient présents dans les maisons lors des raids, ce qu'ils estiment être une insulte à la culture afghane traditionnelle.

Les raids sont maintenant menés conjointement par les forces américaines et afghanes, mais les femmes afghanes membres des forces spéciales jouent un rôle important. Leur travail consiste à rassembler les femmes et les enfants et à les placer en sécurité durant les raids, mais aussi à empêcher les dangers posés par d'éventuelles femmes kamikazes ou des extrémistes déguisés en femme.

Des femmes font partie des forces de sécurité afghanes depuis des années, mais ce n'est qu'en 2011 qu'elles ont commencé à être recrutées dans les forces spéciales.

Selon le ministre afghan de la Défense, le général Mohammad Zahir Azimi, il y a plus de 1000 femmes dans l'armée afghane, qui compte 195 000 membres.

Le colonel Jalaluddin Yaftaly, commandant d'une unité spéciale afghane, affirme que les villageois n'aiment pas que des forces étrangères mènent des opérations dans leur maison, mais qu'ils ont bien accueilli les unités spéciales afghanes et qu'ils ont coopéré lors de plusieurs opérations.

«Nous avons tellement de problèmes quand nous n'avons pas de femmes dans nos unités», dit-il. «Les femmes des forces spéciales sont très utiles.»

Mais les avantages militaires de la présence de femmes dans les unités spéciales n'empêchent pas les femmes comme Lena Abdali d'être confrontées à des tabous sociaux.

Le fait qu'une femme participe à des raids nocturnes avec des hommes dans un pays conservateur comme l'Afghanistan reste socialement inacceptable. Avant de commencer à participer à des opérations militaires, la jeune soldate a dû affronter sa famille, ses proches et tous ceux qui désapprouvaient son choix.

Lena Abdali, qui porte le foulard islamique sous son casque militaire, cache la nature de son travail à plusieurs membres de sa famille pour des raisons de sécurité, mais elle se dit fière d'accomplir un travail qu'elle juge important pour son pays.

«Si je ne suis pas prête à sortir et à mettre ma vie en danger pour les femmes et la culture de l'Afghanistan, qui le fera?»