Les grandes puissances ont proposé à l'Iran une réunion le 25 février au Kazakhstan pour tenter de relancer, après des mois d'interruption, les négociations diplomatiques sur son programme nucléaire controversé.

À l'issue de plusieurs semaines d'attente, le lieu et la date de la prochaine réunion ont été annoncés dimanche par le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, devant la Conférence sur la sécurité de Munich.

«J'ai une bonne nouvelle. J'ai entendu hier que le groupe 5+1 se réunirait au Kazakhstan le 25 février», a déclaré M. Salehi sans préciser si Téhéran avait officiellement accepté l'invitation à s'y joindre.

Les grandes puissances du groupe 5+1 (les cinq membres du Conseil de sécurité - États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne - + l'Allemagne) avaient initialement tablé sur une réunion en décembre, puis en janvier. Mais aucun accord n'avait été conclu avec l'Iran sur la date et l'endroit.

Le Caire et Istanbul avaient été évoqués comme lieu de rencontre alors que le dernier cycle de négociations avait été organisé à Moscou en juin 2012.

«Nous avons fait des propositions de date depuis début décembre», pour une nouvelle rencontre du groupe 5+1 et de l'Iran, a commenté Michael Mann, un porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. «Notre dernière proposition a bien été d'organiser une réunion au Kazakhstan la semaine du 25 février. Nous sommes donc ravis d'entendre le chef de la diplomatie iranienne qui confirme aujourd'hui» cette réunion, a-t-il affirmé.

À Munich, M. Salehi a par ailleurs indiqué que Téhéran allait «examiner positivement» l'offre de négociations bilatérales avec les États-Unis, que le vice-président Joe Biden a présentée devant la Conférence.

«Nous sommes tout à fait prêts à mener des négociations, mais cette fois, il faut que l'autre partie ait vraiment envie de parvenir à une solution», a déclaré le ministre iranien. Il a en outre appelé Washington à cesser d'utiliser une «rhétorique menaçante» sur ce dossier.

Qualifiant de «sérieuse» son offre, M. Biden a estimé qu'«il y a du temps et de la marge pour la diplomatie, secondée par une pression économique», pour tenter de trouver une solution négociée. Il n'a pas précisé si Washington était disposé à faire des promesses à l'Iran, qui réclame la levée des sanctions internationales affectant son économie.

Toutefois, de passage à Paris, M. Biden a, dimanche soir, durci le ton en prévenant l'Iran que «la fenêtre diplomatique se (refermait)» dans les négociations sur son programme nucléaire.

«La balle est dans le camp des Iraniens. En ce qui nous concerne, nous avons fait et continuons à faire de réels efforts en vue d'atteindre une résolution diplomatique des préoccupations de la communauté internationale (...). Mais la fenêtre diplomatique se referme», a déclaré M. Biden dans un entretien avec le quotidien français Le Figaro.

Les Iraniens, «bons joueurs d'échecs»

Sur le fond, les divergences restent profondes entre les grandes puissances, qui soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, et Téhéran, qui revendique le droit d'enrichir de l'uranium à des fins pacifiques, pour produire de l'électricité ou des isotopes.

De ce fait, il est improbable que les négociations débouchent sur des avancées concrètes cette année, a jugé à Munich Vali Nasr, professeur de relations internationales à l'université John Hopkins.

Un autre expert, le Saoudien Turki al Faisal, a estimé que l'Iran poursuivait «la même stratégie que la Corée du Nord», c'est-à-dire gagner un maximum de temps avant d'accepter de négocier.

Également présent à Munich, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a déclaré que les dirigeants iraniens étaient «de bons joueurs d'échecs», qui «vont anticiper le jeu».

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, quant à lui, affirmé dimanche que la tâche devenait «plus complexe» parce que l'Iran «s'est doté de nouvelles centrifugeuses qui raccourcissent le délai nécessaire à l'enrichissement (d'uranium)».

En 2012, les négociations avaient bloqué lorsque les «5+1» avaient demandé à l'Iran de suspendre l'enrichissement à 20 % à la centrale souterraine de Fordo (centre) et d'exporter ses stocks d'uranium enrichi à 20 %.

Ils redoutent en effet que ces stocks et la technologie accumulés par Téhéran ne permettent de produire rapidement de l'uranium enrichi à plus de 90 %, nécessaire à la fabrication de l'arme atomique.