Le premier ministre israélien sortant Benyamin Nétanyahou a donné un coup de barre à droite à la fin de sa campagne pour le scrutin du 22 janvier afin de récupérer les électeurs tentés par un vote en faveur de la droite extrême.

M. Nétanyahou a ainsi exploité le thème de la colonisation dans le but de tenter de couper l'herbe sous le pied de ses rivaux, dans des déclarations publiées vendredi.

En réponse à la question du quotidien Maariv «Pouvez-vous promettre que pendant les quatre années à venir aucune colonie ne sera démantelée?», il a répondu : «Oui. Les jours où les bulldozers déracinaient les juifs sont derrière nous et pas devant nous».

«Nous n'avons déraciné aucune implantation, nous les avons renforcées», a-t-il insisté en rappelant que son gouvernement avait créé la première université israélienne en Cisjordanie occupée, dans la colonie d'Ariel.

«Personne n'a de leçon à me donner pour ce qui est de l'amour d'Eretz d'Israël (la «Terre d'Israël») ou de l'engagement vis-à-vis du sionisme et des implantations», a souligné M. Nétanyahou.

Selon une ultime salve de sondages vendredi, l'alliance de droite Likoud-Israël Beiteinou que conduit le premier ministre stagne entre 32 et 35 élus sur 120, loin des 42 députés que ces deux partis représentent ensemble aujourd'hui à la Knesset (Parlement).

En revanche, le parti nationaliste religieux du jeune Naftali Bennett, le Foyer juif, qui prône la colonisation accélérée en Cisjordanie, frôlerait les 15 députés, auxquels pourraient s'ajouter deux autres sièges pour Otzma LeIsraël, un mouvement d'extrême droite anti-arabe.

L'ensemble de ce courant ultra-nationaliste pourrait ainsi plus que doubler son poids dans la prochaine assemblée.

Pour Hanan Cristal, commentateur de la radio publique, «il est évident que Nétanyahou en remettant ainsi au centre la question des colonies veut ramener les électeurs de droite au bercail», même si cette tentative «arrive sans doute trop tard pour influencer les résultats».

Fibre patriotique

M. Nétanyahou a également joué sur la fibre patriotique en expliquant que plus sa liste serait forte, plus il serait en mesure de résister aux pressions de l'administration américaine de Barack Obama sur la colonisation.

«Je suis certain que le président Obama comprend que seul le gouvernement souverain et élu peut déterminer les intérêts nationaux vitaux d'Israël, spécialement en ce qui concerne sa sécurité», a-t-il dit.

Il réagissait à un chroniqueur de Bloomberg View, Jeffrey Goldberg, qui a rapporté dans un éditorial des propos de M. Obama disant qu'«Israël ne sait pas quel est son propre intérêt» et que la colonisation mène ce pays «sur un chemin (le conduisant) près d'un isolement total».

Pour un conseiller en communication politique, Roni Rimon, le président américain «ne pouvait pas offrir un plus beau cadeau à Nétanyahou qui peut ainsi faire jouer le réflexe de l'union nationale».

Un autre expert, Lior Horev, note lui aussi que M. Obama «ne comprend rien aux Israéliens qui n'aiment pas qu'on leur dise quoi faire».

Ces tensions avec l'allié américain et la perspective de mesures d'austérité drastiques que devra prendre le prochain gouvernement pour réduire un déficit budgétaire deux fois plus important que prévu, ne profitent pourtant pas à l'opposition centriste déchirée par des questions d'égos et incapable de constituer un front «anti-Bibi».

Le Parti travailliste (centre-gauche) est crédité de 16 ou 17 sièges, Yesh Atid, un nouveau parti centriste, de 10 à 13, et HaTnouah, un autre parti centriste dirigé par Tzipi Livni, 7 ou 8.

Dans tous les cas de figure, le bloc Nétanyahou avec ses alliés d'extrême droite et ultra-orthodoxes bat l'opposition.