Les autorités afghanes ont salué mardi la libération de huit cadres des talibans afghans par le Pakistan voisin, un geste visant à donner une impulsion au processus de paix dans l'espoir de stabiliser le pays d'ici le départ de l'essentiel des troupes de l'OTAN fin 2014.

Le Pakistan, considéré comme un acteur clé dans la réconciliation afghane en raison de ses relations historiques avec des chefs des talibans, a libéré lundi huit responsables talibans emprisonnés dans ses geôles qui s'ajoutent à 18 autres déjà élargis depuis la mi-novembre.

Kaboul espère que ces cadres libérés pourront convaincre la hiérarchie des talibans de joindre la table des négociations et, à terme, de mettre fin à leur insurrection.

«La libération (de ces talibans) est un pas dans la bonne direction», a dit à l'AFP Ismail Qasimyar, un membre du Haut conseil afghan pour la paix, chargé entre autres de préparer des pourparlers de paix.

«Cela démontre que le Pakistan a tourné une nouvelle page afin de collaborer avec l'Afghanistan», a-t-il ajouté. Les relations entre Kaboul et Islamabad s'étaient en effet détériorées au cours des dernières années, le pouvoir afghan accusant notamment le Pakistan de servir d'héberger des réseaux talibans.

À l'appel de Kaboul, le Pakistan a notamment libéré le mollah Noureddine Tourabi, ancien ministre de la Justice sous les talibans, au pouvoir en Afghanistan de 1996 à 2001. Mais des analystes demeuraient sceptiques quant à son influence réelle au sein de la rébellion.

«Le mollah Tourabi était une figure importante lorsque les talibans étaient au pouvoir, mais il n'était déjà plus aussi influent lorsqu'il a été écroué il y a deux ans», a déclaré à l'AFP Waheed Mujda, un ancien haut fonctionnaire sous les talibans.

«Les personnes libérées n'ont plus d'autorité, elles ont déjà été remplacées par d'autres», a estimé Rahimullah Yusufzai, journaliste spécialiste des zones tribales pakistanaises considérées comme un sanctuaire pour les talibans et des groupes liés à Al-Qaïda.

«Les hommes libérés ne vont même pas aller dans les régions contrôlées par les talibans, ils vont peut-être préférer rester au Pakistan», a ironisé cet analyste.

Le porte-parole des talibans afghans Zabihullah Mujahid a confirmé la libération de quatre des huit hommes mentionnés par le Pakistan, incluant le mollah Tourabi.

«Ils vont bientôt retrouver leurs familles», a-t-il soutenu, précisant que Abdul Ghani Baradar, le plus important des talibans écroués au Pakistan, n'avait toutefois pas été libéré par Islamabad. Baradar, ancien numéro deux de la rébellion, avait été arrêté en février 2010 à Karachi, la mégalopole du sud du Pakistan.

Après une décennie de combat, les soldats de l'OTAN et leurs alliés des forces afghanes n'ont pas réussi mater l'insurrection d'où la crainte, exprimée par des observateurs, d'un retour au pouvoir des talibans après 2014 et l'appétit de Kaboul pour des pourparlers de paix avec les insurgés avant cette échéance.

Les talibans afghans refusent toutefois de négocier directement avec le gouvernement de Kaboul, qu'ils accusent d'être une «marionnette» des États-Unis.

Des contacts préliminaires entre les États-Unis et les talibans afghans avaient avorté en mars après le refus de Washington de libérer des cadres talibans emprisonnés à Guantanamo.