Le premier ministre du Qatar a appelé dimanche les pays arabes à revoir leur plan de paix au Proche-Orient, que le président palestinien Mahmoud Abbas a cependant défendu.

Lors d'une réunion à Doha du comité ministériel arabe de suivi de ce plan, les participants ont décidé d'envoyer une délégation à l'ONU et accepté de mettre en place un «filet sécurité» de 100 millions USD par mois pour aider les Palestiniens en cas d'interruption de leurs revenus.

Dix ans après l'adoption du plan de paix arabe, «nous devons objectivement revoir le processus de paix, y compris le plan arabe», a déclaré cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani.

Il a ajouté que les pays arabes devraient définir leur «feuille de route pour la prochaine phase» à la lumière des «changements successifs dans la région», en référence au Printemps arabe.

«L'initiative de paix arabe ne sera pas là éternellement et nous ne voulons pas une paix à n'importe quel prix», a-t-il encore dit.

Lancé en 2002, ce plan de paix, d'inspiration saoudienne, offre à l'État hébreu une normalisation des relations en échange notamment d'un retrait israélien des territoires arabes occupés en 1967. Israël a jugé certains éléments positifs, mais n'a jamais accepté cette initiative.

Cheikh Hamad a en outre vivement critiqué le Quartette (États-Unis, Union européenne, Russie et ONU).

«Il faut revoir aussi la mission du Quartette et étudier l'opportunité de son maintien. Le Quartette a prouvé son échec et son incapacité à réaliser quoi que ce soit», a-t-il lancé aux membres du comité ministériel arabe et à M. Abbas.

Le Quartette a été lancé en 2002, mais les discussions de paix israélo-palestiniennes sont aujourd'hui dans l'impasse.

En novembre, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, avait également estimé que les Arabes devaient «revoir toutes les initiatives arabes passées sur le processus de paix».

Mais le président palestinien a pris la défense du plan de paix arabe. «II n'est pas permis, d'aucune manière, de retirer de la table ce plan», a-t-il dit. «Son retrait signifie (aller à) la guerre». «Sommes-nous prêts à la guerre? Personnellement, je ne suis pas prêt», a-t-il martelé sur un ton sévère.

M. Abbas a aussi souligné que la réconciliation avec le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, passait par la tenue d'élections présidentielle et législatives dans les Territoires palestiniens.

Il a en outre pressé les Arabes d'honorer leur engagement à soutenir financièrement les Palestiniens par «un filet de sécurité» destiné à faire face par exemple au récent blocage par Israël du transfert des taxes collectées au profit de l'Autorité palestinienne, en représailles à l'octroi par l'ONU du statut d'État observateur à la Palestine.

«C'est vrai que nous avons obtenu un État, mais sur le terrain il y a un effondrement de l'Autorité», incapable de payer les salaires des fonctionnaires, a-t-il dit.

Au terme de leur réunion de quelques heures, les participants ont accédé à la requête de M. Abbas en lui promettant une aide mensuelle de 100 millions USD.

Ils ont également décidé de dépêcher une délégation ministérielle à New York pour exhorter le Conseil de sécurité de l'ONU à «mettre fin à l'occupation israélienne» des Territoires.

Dans un communiqué, ils ont ajouté que la délégation aurait aussi des consultations avec les États-Unis, la Russie, la Chine et l'Europe.

Après l'octroi à la Palestine du statut d'État observateur, «la communauté internationale est tenue de mettre fin à l'occupation» par le lancement de négociations fondées sur «le retrait d'Israël aux frontières de juin 1967, et incluant Jérusalem-Est, capitale de l'État de Palestine».