Avec la crise de Gaza, le président des États-Unis Barack Obama est rattrapé par un dossier israélo-palestinien où il n'a engrangé aucun succès malgré ses efforts, et alors que le Moyen-Orient de l'après-printemps arabe ne lui laisse qu'une faible marge de manoeuvre.

Au moment même où le dirigeant américain, fraîchement réélu, effectuait une nouvelle tournée en Asie, continent selon lui délaissé par son prédécesseur George W. Bush au profit du Moyen-Orient, il a dû consacrer une partie de son attention aux violences meurtrières qui font rage entre Israël et le Hamas palestinien.

«Le président est mis au courant régulièrement (de la situation au Proche-Orient) par Tom Donilon», son conseiller de sécurité nationale, et par la secrétaire d'État Hillary Clinton, a souligné mardi l'adjoint de M. Donilon, Ben Rhodes, dans l'avion Air Force One entre la Birmanie et le Cambodge, deux pays où M. Obama a été le premier président des États-Unis à se rendre.

Lundi à Bangkok, M. Obama avait affirmé lors d'une conférence de presse que ces tirs de roquettes en direction d'Israël avaient «précipité» la crise à Gaza, et estimé qu'Israël ripostait en état de légitime défense.

Les raids israéliens constituent l'opération la plus importante contre la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, depuis l'offensive dévastatrice de décembre 2008-janvier 2009, qui avait provoqué la mort d'environ 1400 Palestiniens sans parvenir à faire cesser durablement les tirs de roquettes en direction d'Israël.

C'est dans ce contexte que M. Obama était arrivé au pouvoir, fin janvier 2009. Il avait promis de s'employer à remettre sur les rails le processus de paix en nommant immédiatement un émissaire expérimenté, l'ancien sénateur George Mitchell.

Toutes les tentatives de relancer un dialogue durable ont pourtant échoué, même quand le président a mis son prestige en jeu en recevant, en septembre 2010, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à la Maison-Blanche: trois mois plus tard, leur dialogue était rompu, notamment à cause de la question du gel de la colonisation.

Fin octobre, avant la réélection de M. Obama, l'expert de l'institution Brookings Justin Vaïsse assurait à l'AFP que le président américain ne s'intéresserait plus que contraint et forcé à un dossier qui ne lui a pas mieux réussi qu'à ses prédécesseurs.

Appel aux Égyptiens

La situation géopolitique d'Israël a changé ces deux dernières années: le président égyptien Hosni Moubarak, fidèle allié des États-Unis et garant des accords de Camp David avec Israël, a été emporté début 2011 par le «printemps arabe».

Son successeur Mohamed Morsi est lié aux islamistes des Frères musulmans, mouvance dont est issu le Hamas au pouvoir à Gaza, ce qui ajoute une nouvelle inconnue à une équation qui comprend aussi une éventuelle menace nucléaire iranienne contre Israël.

Malgré un gouvernement égyptien a priori moins docile, M. Obama a continué à miser sur cette carte, s'entretenant au téléphone deux fois avec le président Morsi la semaine dernière pour lui demander d'intercéder en faveur d'une «désescalade». Il l'a de nouveau appelé lundi, depuis le Cambodge.

«L'administration (américaine) reconnaît que le gouvernement égyptien est le mieux placé pour conclure un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, et elle cherche à faire en sorte que les Égyptiens jouent un rôle important pour mettre fin à la crise actuelle», commente Haïm Malka, du groupe de réflexion CSIS de Washington.

Son confrère Jonathan Schanzer, de la Foundation for Defense of Democracies, voit dans le conflit à Gaza une guerre «par procuration» entre l'Iran et les Occidentaux.

«Le fait que les États-Unis et beaucoup de pays européens semblent donner leur feu vert à une opération d'Israël à Gaza est lié au fait que nous sommes maintenant dans une bataille mondiale contre l'Iran. C'est une partie du calcul stratégique que fait l'Occident: "Débarrassez-nous des Iraniens à Gaza et faites en sorte qu'ils ne puissent plus agir là-bas"», analyse l'expert.