Des bombardements israéliens ont tué samedi 15 Palestiniens à Gaza, et détruit le siège du gouvernement du Hamas, tandis que des réunions se tenaient au Caire pour tenter d'établir une trêve.

Le président égyptien, Mohamed Morsi, s'est montré optimiste samedi soir, évoquant des contacts avec Israël et avec les Palestiniens et «quelques indications sur la possibilité d'un cessez-le-feu bientôt».

Depuis le lancement mercredi de l'opération militaire israélienne «Pilier de défense», 48 personnes -- 45 Palestiniens et trois Israéliens -- ont péri, tandis que près de 400 Palestiniens et une quinzaine d'Israéliens ont été blessés.

Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, conduira une délégation ministérielle à Gaza en signe de solidarité dimanche ou lundi, a annoncé l'organisation à l'issue d'une réunion d'urgence au Caire.

Et le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est attendu dimanche à Jérusalem et à Ramallah, selon des sources officielles.

Le chef en exil du Hamas Khaled Mechaal tenait des discussions sur une trêve au Caire avec le chef des services de renseignements égyptiens, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et l'émir du Qatar Hamad Ben Khalifa Al-Thani, mais son mouvement exigeait des garanties internationales, selon un haut responsable du Hamas sous le couvert de l'anonymat.

«Par l'intermédiaire de l'Égypte, nous nous étions mis d'accord sur une trêve (lundi), et elle a été interrompue au bout de 48h», a rappelé ce responsable. «L'Égypte ne peut plus se porter garante d'une trêve», a-t-il estimé.

M. Erdogan a estimé qu'Israël portait l'entière responsabilité de l'escalade et devrait rendre des comptes «pour le massacre de ces enfants innocents». En visite samedi matin à Gaza, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, a lui aussi dénoncé une «agression israélienne flagrante».

La Maison-Blanche a en revanche réaffirmé que «les tirs de roquettes en provenance de Gaza étaient le facteur déclenchant de ce conflit», reconnaissant à Israël «le droit de se défendre et de décider de la tactique à utiliser».

Près de la moitié des 45 Palestiniens tués par les raids israéliens n'étaient pas des combattants, dont six enfants et trois femmes, selon des sources médicales et des organisations de défense des droits de l'Homme.

«Iron Dome»

Samedi soir, cinq Palestiniens ont été tués, quatre hommes dans deux raids israéliens sur le centre de la bande de Gaza et une femme dans une frappe sur une maison dans le sud du territoire.

Au total, les raids israéliens ont tué 15 Palestiniens, dont au moins sept combattants du Hamas et un du Jihad islamique, selon des sources médicales à Gaza.

Dans le même temps, neuf Israéliens ont été blessés, dont quatre soldats, selon l'armée israélienne, qui a fait état de 733 roquettes tirées depuis mercredi, dont 243 interceptées par le système antimissile «Iron Dome», et de 950 cibles touchées dans la bande de Gaza.

Outre le siège du gouvernement du Hamas, les raids ont visé samedi le quartier général de la police, l'Université islamique et le stade «Palestine», la principale enceinte sportive de Gaza.

Autour du bâtiment de deux étages du gouvernement, entièrement détruit, flottait encore dans la matinée une odeur de poudre. La poussière emplissait l'air autour des papiers et des morceaux de meubles achevant de se consumer.

L'attaque a provoqué la panique. «C'est un film d'horreur devenu réalité», a raconté Soha, 18 ans, blessée dans son lit par des éclats de verre.

Pour la troisième journée consécutive, les sirènes d'alerte ont retenti à Tel-Aviv. Peu après, une nouvelle batterie «Iron Dome», installée dans la matinée, a intercepté une roquette.

Le tir a été revendiqué par le Hamas, qui a affirmé avoir lancé une roquette Fajr 5. Jeudi et vendredi, trois roquettes étaient tombées dans la région de Tel-Aviv, capitale économique d'Israël, dont deux en mer.

La confrontation avait franchi vendredi un palier supplémentaire avec le tir d'une roquette tombée sans faire de victime en Cisjordanie, à cinq kilomètres au sud-ouest de Jérusalem.

Alors que les préparatifs en vue d'une éventuelle opération terrestre se sont multipliés, quelque 20 000 réservistes israéliens ont été mobilisés, et le gouvernement pourrait avaliser dimanche la mobilisation d'un total de 75 000 réservistes.

En pleine campagne électorale pour les législatives de janvier, Israël a lancé son offensive mercredi avec un raid ciblé contre Ahmad Jaabari, chef des opérations militaires du Hamas à Gaza, le plus important responsable tué depuis la dévastatrice offensive de décembre 2008-janvier 2009, qui n'avait fait cesser que temporairement les tirs de roquettes.

Photo Reuters

Destruction à Gaza.