L'Iran, qui a mis à mort lundi dix personnes pour trafic de drogues, maintient un niveau record d'exécutions capitales, a souligné lundi le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme dans ce pays, Ahmed Shaheed.

Officiellement, Téhéran a procédé à 300 exécutions au cours des huit premiers mois de l'année mais le chiffre est probablement beaucoup plus élévé car le gouvernement restreint l'information à ce sujet, a estimé M. Saheed devant des journalistes.

Le rapporteur avait fait état en 2011 de 670 exécutions, soit le taux le plus élevé d'application de la peine capitale par rapport à la population.

«Je ne vois pas ce chiffre se réduire», a constaté M. Shaheed, qui doit présenter mercredi son dernier rapport sur les droits de l'Homme en Iran devant un comité de l'Assemblée générale de l'ONU.

Il s'est déclaré «scandalisé» par l'annonce de l'exécution lundi dans une prison à Tehéran de 10 hommes condamnés pour trafic de drogue.

Le nouveau code pénal iranien, soumis au Parlement, ne se prononce pas clairement sur la lapidation, un juge pouvant toujours l'autoriser en se référant à la Chariah (loi islamique), et il reste ambigu sur l'exécution des mineurs, interdite par les conventions internationales, a souligné le rapporteur.

Selon lui, la discrimination envers les femmes et les homosexuels ainsi que les minorités ethniques et religieuses ne s'est pas non plus améliorée. «Les inquiétudes demeurent à ce sujet, elles ont même augmenté», a-t-il affirmé.

La rapport de M. Shaheed signale des cas de défenseurs des droits de l'homme battus et menacés d'exécution ou de viol et indique que plus de 40 journalistes sont détenus en Iran.

Mais le rapporteur s'est aussi engagé à enquêter sur l'impact des sanctions internationales imposées à l'Iran en raison de son programme nucléaire contesté. Il y a des «inquiétudes» à ce sujet aussi, a-t-il reconnu en ajoutant qu'il espérait pouvoir se rendre en Iran pour étudier ce dossier.

Quelque six millions de patients atteints de maladie grave sont affectés par les sanctions économiques occidentales imposées à l'Iran, selon une responsable sanitaire citée dimanche par le quotidien gouvernemental Iran Daily.

Téhéran a qualifié le rapport de M. Shaheed de «biaisé et politique», affirmant qu'il se basait uniquement sur des «affirmations des groupes hostiles» au gouvernement iranien.