Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou se dit persuadé que le monde finira par comprendre le «bien-fondé» de ses appels à imposer des «lignes rouges» au programme nucléaire de l'Iran, et prévient qu'il «ne se taira pas» sur le sujet.

M. Nétanyahou défend bec et ongles ses demandes répétées à la communauté internationale, et plus particulièrement aux États-Unis, de délimiter des «lignes rouges» à l'Iran, sous peine d'action militaire, dans un entretien au quotidien anglophone Jerusalem Post, publié dimanche à l'occasion du Nouvel An juif.

«J'ai commencé à parler de la menace iranienne il y a seize ans. Même si je n'étais pas une voix isolée à ce moment-là, nous n'étions que quelques-uns, et ensuite d'autres nous ont rejoints», a-t-il rappelé.

«Puis j'ai commencé à parler de la nécessité de sanctions économiques contre l'Iran. Je n'étais pas la seule voix mais nous n'étions pas nombreux. Maintenant je parle de "lignes rouges" contre l'Iran. Jusqu'à présent nous ne sommes pas nombreux, mais j'espère que d'autres nous rejoindront. Cela prend du temps de persuader les gens du bien-fondé de cette politique», a-t-il ajouté.

«Je pense que des limites claires doivent être imposées aux avancées de l'Iran vers l'arme nucléaire et ce n'est pas un sujet sur lequel j'ai l'intention de me taire», a-t-il insisté.

Les Iraniens «avancent très rapidement vers l'enrichissement de l'uranium dont ils ont besoin pour produire une bombe atomique. Dans six mois environ, ils auront fait 90% du chemin», a également prédit M. Nétanyahou sur la chaîne américaine CNN, répétant qu'il fallait «fixer une ligne rouge à l'Iran, ce qui réduirait le risque d'un conflit militaire».

«Il n'y avait pas de ligne rouge pour Saddam Hussein à la veille de la Guerre du Golfe quand il a envahi le Koweït (en août 1990, ndlr) et cette guerre aurait peut-être pu être évitée», a encore estimé le Premier ministre.

Israël et les Etats-Unis ont publiquement croisé le fer ces derniers jours, Washington privilégiant la diplomatie et les sanctions contre Téhéran, tout en rejetant les demandes répétées de M. Nétanyahou de fixer des «lignes rouges» au programme nucléaire iranien.

Interrogée sur CNN et Fox News dimanche, l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a répété la position de Washington: «Il reste un temps considérable pour que les pressions fonctionnent», mais la «fenêtre» de la diplomatie «ne restera pas ouverte indéfiniment» et la «ligne du président (Barack Obama) est que l'Iran n'aura pas l'arme nucléaire».

A yeux de Mme Rice, les relations américano-israéliennes sont «plus fortes que jamais».

Interrogé sur sa définition d'une «ligne rouge», M. Nétanyahou a expliqué qu'il fallait distinguer entre une «date-butoir qui est définie dans le temps» et une «ligne rouge qui est liée à un processus».

«Je pense que la question est de savoir quand la phase cruciale sera dépassée au-delà de laquelle il sera impossible d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe nucléaire», a-t-il dit.

«Une ligne rouge est quelque chose que l'Iran sait ne pouvoir franchir sans en subir les conséquences. Croyez-moi quand ils la verront, ils s'arrêteront», a-t-il plaidé.

«Pour le moment, l'important est d'établir la nécessité de ce principe. Ses détails n'ont pas nécessairement besoin d'être partagés à ce stade avec le public», a-t-il poursuivi.

Les grandes puissances et Israël, considéré comme l'unique détenteur de l'arme nucléaire dans la région, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran nie catégoriquement.