Les États-Unis souhaitent continuer à arrêter des individus et à les détenir dans la prison controversée de Bagram même lorsqu'ils en auront transféré le contrôle aux Afghans, et malgré l'opposition de Kaboul, affirme un rapport rendu public jeudi.

Washington avait accepté le 9 mars de transférer dans les six mois aux Afghans la responsabilité de la prison de Bagram, parfois surnommée « le Guantanamo afghan » et où sont enfermés près de 4000 prisonniers, dont certains accusés de terrorisme. Kaboul s'attend donc à un transfert complet dès lundi prochain, le 10 septembre.

Mais « les États-Unis semblent vouloir maintenir un pouvoir de détention en Afghanistan après septembre 2012, une position que rejette l'ensemble des responsables afghans interviewés », qui y voient une entrave à la souveraineté nationale, souligne dans un rapport la fondation Open Society du milliardaire américain George Soros.

Le sort de plus de 600 prisonniers qui sont arrivés à Bagram depuis le 9 mars, est incertain, car l'accord américain concernait les 3100 prisonniers détenus à l'époque. Parmi eux figurent 50 étrangers qui pourraient donc risquer d'être détenus indéfiniment sans motif clair comme à Gantanamo, ajoute le texte.

Le risque que des prisonniers de grande importance soient libérés par Kaboul pour des raisons politiques ou de corruption pourrait expliquer la réticence des militaires américains au transfert de l'ensemble de la population carcérale de Bagram.

Il semble donc « probable que les États-Unis continuent à contrôler une partie du centre pénitentiaire » après le transfert aux autorités afghanes, selon le rapport.

Installée à côté de l'immense base américaine de Bagram, à une soixantaine de kilomètres au nord de Kaboul, cette prison est devenue depuis dix ans un symbole de l'occupation américaine pour de nombreux Afghans.

Elle était régulièrement critiquée par Kaboul, au nom de sa souveraineté nationale, et par les organisations de défense des droits de l'homme, qui dénoncent notamment des détentions abusives.

Bagram avait également fait parler d'elle en février dernier, lorsque des soldats américains y ont brûlé des exemplaires du Coran, un acte jugé blasphématoire qui a déclenché une vague de manifestations meurtrières dans le pays.