Le commandement des forces spéciales américaines en Afghanistan a suspendu temporairement l'entraînement d'un millier de policiers afghans dans l'attente d'une nouvelle vérification des identités et personnalités de leurs collègues déjà en poste, ceci afin d'éviter toute infiltration talibane, a annoncé l'OTAN.

Seules les nouvelles recrues de la police locale afghane (ALP), dont les États-Unis ont la charge de la formation via leurs forces spéciales, voient leur entraînement suspendu, a précisé à l'AFP un porte-parole de l'Isaf, la force armée de l'OTAN en Afghanistan.

L'ALP a un recrutement assez opaque, ce qui multiplie les risques d'infiltration par les rebelles ou de criminels dans ses rangs. Les délits et crimes attribués à ses membres sont légion.

«Les opérations courantes faites en partenariat se sont poursuivies et continueront à se poursuivre, même si nous suspendons temporairement l'entraînement d'environ 1.000 nouvelles recrues de l'ALP», a remarqué le colonel Thomas Collins, un autre porte-parole de l'Isaf, dans un communiqué.

Cette suspension durera le temps que l'Isaf vérifie le passé des policiers déjà membres de l'ALP, d'après ce texte.

Le 17 août dernier, un policier local a retourné son arme contre deux militaires américains dans la province de Farah (sud-ouest), les tuant.

À l'inverse, «il n'y a aucune suspension temporaire de la mission» de formation de la police nationale (ANP) et de l'armée afghanes (ANA), a observé le porte-parole de l'Isaf. Les violences contre les soldats de la coalition sont pourtant bien plus le fait de membres de l'ANP et de l'ANA que de l'ALP.

La clarification de l'Isaf intervient après la publication d'un article par le Washington Post dimanche, selon lequel la vérification concernera 27.000 membres des forces de sécurité afghanes.

L'ALP compte environ 30.000 membres, sur un total de 352.000 soldats et policiers afghans.

Au moins 45 soldats de la force internationale, dont des Américains, ont été tués cette année par des policiers ou des militaires afghans au cours de ce que l'on appelle des «attaques de l'intérieur».Â

Ce genre d'attaques, très difficiles à prévenir, et qui a aussi fait des victimes dans les contingents des autres pays de la Force internationale sous commandement OTAN (Fias/Isaf), notamment français, britanniques et australiens, s'est multiplié ces derniers mois.

Quoique jugé «très bon» par un responsable des forces spéciales anonyme cité par le Washington Post, le processus de vérification habituel a montré ses limites.

«Ce que nous avons appris, a reconnu le même responsable, c'est que l'on ne peut pas s'en contenter». «Nous aurions probablement dû nous doter d'un mécanisme de suivi des recrues depuis le début» de leur enrôlement, a-t-il confié.

Selon le Washington Post, nombre des consignes de sécurité n'ont pas été appliquées de peur de ralentir le recrutement massif de jeunes Afghans dans l'armée et la police. La croissance rapide de l'appareil de sécurité aux ordres du gouvernement de Kaboul est jugée indispensable pour le succès du transfert des responsabilités des forces internationales aux forces afghanes qui doit s'achever en principe fin 2014.

De sa réussite cependant dépend le retrait déjà débuté des 130.000 militaires de l'Isaf -- dont une grosse majorité d'Américains.

Ce processus dit de «transition» est largement engagé avec le passage sous contrôle national afghan de la sécurité de près de la moitié de la population.

Les talibans de leur côté tentent d'en perturber le bon déroulement, et les «attaques de l'intérieur», spontanées ou à leur incitation, y contribuent.