Le ministre israélien des Affaires étrangères a exhorté le Quartette pour le Proche-Orient à intervenir pour que les Palestiniens tiennent de nouvelles élections afin d'écarter le président Mahmoud Abbas.

Dans une lettre adressée mardi au Quartette (Russie, ONU, Union européenne, États unis), dont l'AFP a obtenu copie, Avigdor Lieberman affirme que le président de l'Autorité palestinienne «semble indifférent ou incapable (...) de parvenir à un accord qui permettrait de mettre fin au conflit» israélo-palestinien.

«Il est temps de considérer une solution créative, hors des sentiers battus, pour renforcer la direction palestinienne», écrit le ministre ultranationaliste.

«Des élections générales devraient être tenues et une nouvelle direction palestinienne, légitime et nous l'espérons réaliste, devrait être élue», ajoute-t-il, en soulignant que «des élections auraient dû se tenir en 2010 et ont depuis été reportées à maintes reprises».

Toutefois, le premier ministre Benjamin Netanyahu a pris ses distances avec la lettre de son ministre des Affaires étrangères, en faisant savoir que la missive de M. Lieberman «ne représente pas l'opinion du premier ministre ou du gouvernement».

«Nous continuons à oeuvrer avec les dirigeants palestiniens pour redémarrer le dialogue et, bien évidemment, Israël ne s'ingère pas dans les affaires intérieures politiques palestiniennes», a déclaré à l'AFP un haut responsable gouvernemental israélien sous couvert de l'anonymat.

Ce n'est pas la première fois que M. Lieberman est désavoué publiquement par M. Netanyahu sur le dossier palestinien.

Les négociations directes entre Israël et les Palestiniens sont interrompues depuis septembre 2010 et la communauté internationale fait depuis en vain pression pour les ramener à la table des négociations.

Protestations palestiniennes

La lettre d'Avigdor Lieberman a déclenché la colère et les protestations des dirigeants palestiniens.

Le porte-parole du président Abbas, Nabil Abou Roudeina, a fustigé des déclarations «incendiaires» qui «ont pour but de créer la violence et l'instabilité», accusant le chef de la diplomatie israélienne, «politiquement discrédité», d'ingérence dans les affaires intérieures palestiniennes.

Dans une déclaration à l'AFP, le négociateur Saëb Erakat a rejeté la déclaration du ministre israélien qui s'apparente, selon lui, à «une incitation au meurtre» et indiqué avoir contacté le Quartette pour que cette campagne «diffamatoire» s'arrête.

De son côté, Hanane Achraoui, une dirigeante de l'OLP, a estimé que «cette lettre (de M. Lieberman) expose la véritable nature de l'occupation israélienne qui se caractérise par l'arrogance, la manipulation des faits et un racisme décomplexé».

Dans sa missive visant selon lui à prouver «la bonne volonté d'Israël (...) dans le but de ramener nos voisins à la table des négociations directes», le chef de la diplomatie israélienne a affirmé qu'Israël avait fait «plusieurs gestes significatifs» à l'égard des Palestiniens au cours des derniers mois.

Il a évoqué des «gestes» visant à «améliorer le système fiscal de l'Autorité palestinienne, augmenter ses revenus et soutenir l'économie palestinienne».

«Malheureusement, en dépit de ces initiatives, nous ne voyons aucune volonté ou attitude positive de la part de l'Autorité palestinienne», a déploré M. Lieberman.

Le département d'État américain s'est félicité de la «clarification» apportée par M. Netanyahu désavouant M. Lieberman et a rappelé que les États-Unis entretenaient «une bonne relation de travail avec le président Abbas» qu'ils espèrent voir «se poursuivre».

En vertu de l'accord de réconciliation nationale signé le 27 avril 2011 entre le Fatah et le Hamas, les deux gouvernements palestiniens rivaux en Cisjordanie et à Gaza devaient céder la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections générales dans un délai d'un an, mais les principales clauses en sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées.