Un Afghan portant l'uniforme de la police a tué un soldat de l'OTAN dimanche dans le sud de l'Afghanistan, a annoncé la force de l'OTAN (Isaf), ce qui porte à 40 morts le bilan de telles attaques dites «fratricides» pour l'année en cours.

Un membre de l'Isaf est mort, «tué par un homme portant l'uniforme de la police afghane, qui a tourné son arme contre des soldats de l'Isaf dans le sud de l'Afghanistan aujourd'hui», a déclaré la Force internationale de l'OTAN en Afghanistan.

Cela porte à 40 le nombre de militaires occidentaux tués cette année par des soldats ou des policiers afghans, ou par des rebelles infiltrés dans leurs rangs, lors de 29 attaques, d'après un décompte actualisé de l'Isaf.

Ce sont même dix militaires étrangers qui ont été tués en Afghanistan dans ces circonstances ces deux dernières semaines.

Des officiers afghans et de l'Isaf enquêtent sur l'incident, selon l'Isaf.

Le militaire tué est américain, a déclaré à l'AFP le général Abdul Razik, chef de la police de Kandahar, ajoutant que le policier afghan avait été abattu.

Un autre soldat américain et un interprète ont été blessés dans cette attaque, a-t-il précisé.

D'après Jaweed Faisal, le porte-parole de la province de Kandahar, deux soldats de l'OTAN ont été blessés.

Une altercation verbale entre le policier et un militaire de l'Isaf a dégénéré, aboutissant à un échange de tirs, a raconté le général Razik.

L'incident a eu lieu vers 19h00 locale à l'entrée du quartier général de la police de Spin Boldak, un district de la province de Kandahar à la frontière pakistanaise, a-t-il précisé.

Le policier incriminé était d'origine hazara, une ethnie massacrée par les talibans lorsque ceux-ci étaient au pouvoir, entre 1996 et 2001, a expliqué Abdul Razik, pour qui ce fait exclut l'hypothèse que l'homme soit un taliban infiltré.

Contacté par l'AFP, Qaïs Yousef Ahmadi, un porte-parole des rebelles, a indiqué ne pas avoir de détails sur l'épisode de Spin Boldak.

L'augmentation des meurtres de soldats de l'OTAN par leurs collègues afghans répond toutefois à un «changement de tactique» des talibans, a commenté M. Ahmadi.

«Avant, nous attaquions l'Isaf lors d'attentats suicide, ce qui n'était pas toujours à notre bénéfice. Nous perdions des hommes. Maintenant, les combattants veulent prendre leur revanche face à face», a-t-il affirmé.

Les attaques fratricides entament la confiance entre les troupes de l'OTAN et les forces afghanes qu'elles forment, ce qui est très néfaste pour le futur et la sécurité de l'Afghanistan, que la grande majorité des soldats étrangers aura quitté d'ici la fin 2014.

Malgré la présence de 130 000 militaires de l'Isaf, en soutien aux 352 000 soldats et policiers afghans, le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l'Isaf n'ont pas réussi à vaincre l'insurrection menée par les talibans, chassés fin 2001 du pouvoir par la coalition étrangère.

La violence est particulièrement élevée dans le sud et l'est du pays. Les attentats suicide sont avec les mines artisanales les principales armes de l'insurrection.

Le nombre de soldats de l'Otan tués a baissé, passant de 282 au premier semestre 2011 à 220 au cours des six premiers mois de 2012, selon un décompte du site icasualties.org.

Les forces de sécurité afghanes, ciblées par les insurgés, ont toutefois subi cinq fois plus de pertes que celles de l'Otan ces quatre derniers mois, soit 853 policiers et militaires tués entre avril et juillet, contre 165 soldats de l'Isaf.

Dimanche, trois militaires de la coalition ont par ailleurs péri dans l'est du pays dans l'explosion d'une bombe artisanale, selon l'Isaf.