L'Irak aide son voisin iranien à contourner les sanctions internationales dont il fait l'objet, en faisant passer du pétrole en contrebande et en laissant Téhéran participer à des opérations d'échanges de devises vendues aux enchères sous couvert des banques irakiennes, a rapporté dimanche le New York Times.

Le mois dernier, le président américain Barack Obama a pointé du doigt la banque irakienne Elaf Islamic Bank, affirmant qu'elle avait effectué des transactions douteuses à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars avec des banques iraniennes soumises à des sanctions pour leurs liens présumés avec le programme nucléaire de Téhéran.

Selon le New York Times, cette banque fait partie d'un réseau d'institutions financières et de contrebande de produits pétroliers plus large, qui a contribué à transférer des fonds vers la République islamique d'Uran alors que les sanctions étouffent son économie.

Selon David Cohen, sous-secrétaire américain chargé du Terrorisme et du Renseignement financier, les États-Unis «continuent activement leurs efforts pour empêcher l'Iran de se soustraire aux sanctions financières américaines ou internationales, en Irak ou ailleurs.»

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qui contrôle la banque centrale irakienne, est «au centre de tout cela», a déclaré au journal un ancien responsable des renseignements américains.

Selon lui, des groupes iraniens contrôlent au moins quatre banques commerciales irakiennes grâce à des intermédiaires, offrant à Téhéran un accès direct au système financier international dont les sanctions sont censées l'avoir écarté.

Les échanges commerciaux entre l'Iran et l'Irak se sont rapidement développés depuis l'intervention américaine qui a mené au renversement de Saddam Hussein en 2003, et atteignent aujourd'hui un volume estimé à 11 milliards par an, selon le quotidien américain.

Pour sa part le porte-parole du gouvernement irakien Ali al-Dabbagh a dit au New York Times que l'Irak «n'avait pas l'intention de violer les règles».

«Nous avons également de bonnes relations avec l'Iran, que nous ne voulons pas briser,» a-t-il toutefois ajouté.

Selon le Times, la contrebande de produits pétroliers et de pétrole à grande échelle explose, Bagdad faisant peu d'effort pour arrêter ce trafic «très organisé».