Des funérailles militaires ont eu lieu mardi au Caire pour les 16 gardes-frontières tués dimanche près de la frontière avec Israël par un commando qui s'est ensuite infiltré en Israël où il a été neutralisé.

Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) et ministre de la Défense, ainsi que de nombreux officiels civils et militaires ont participé à une procession derrière les cercueils recouverts du drapeau égyptien, après des prières dans une mosquée.

La cérémonie a été diffusée en direct à la télévision. «Chaque Égyptien ressent que cette attaque le visait. Tous veulent vengeance, le sang doit répondre au sang», a déclaré un commentateur sur une chaîne d'État.

Le président Mohamed Morsi n'était pas présent mais l'agence officielle Mena a indiqué qu'il avait rendu visite à des soldats blessés dans l'attaque.

Un porte-parole militaire israélien a indiqué mardi qu'Israël avait restitué à l'Égypte les corps de «six à huit» assaillants impliqués dans l'attaque. Les corps --dont certains ont été déchiquetés, empêchant dans l'immédiat un décompte exact-- ont été transférés aux autorités égyptiennes dans la nuit.

Initialement, Israël avait fait état de cinq assaillants tués par ses forces, mais les médias israéliens ont fait état d'un sixième corps retrouvé dans un pick-up qui avait explosé en tentant de traverser le poste-frontière.

Une source médicale égyptienne à al-Arich, dans le nord du Sinaï, a quant à elle fait état de six corps «complètement carbonisés» remis par Israël, parmi lesquels «probablement» celui d'un soldat égyptien qui aurait été forcé de suivre le commando.

De fait quinze cercueils étaient alignés lors de la cérémonie funèbre, laissant supposer qu'un seizième corps n'avait pas encore été récupéré ou identifié.

L'armée égyptienne a promis lundi de «venger» ces gardes-frontières en qualifiant les auteurs de l'attaque de «terroristes», les accusant d'avoir reçu l'appui de tirs de mortier depuis la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Mardi, des soldats et des policiers égyptiens ont fait des perquisitions dans des maisons du secteur de l'attaque à la recherche de suspects, ont indiqué des responsables de la sécurité.

Un correspondant de l'AFP a également vu des poids-lourds transportant des bulldozers vers la ville de Rafah, à la frontière entre l'Égypte et la bande de Gaza, qui pourraient être acheminés dans le cadre d'une opération de fermeture des tunnels de contrebande qui desservent l'enclave palestinienne.

Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza Ismaïl Haniyeh a accusé lundi Israël d'être «responsable, d'une manière ou d'une autre», de l'attaque et rejeté toute implication palestinienne.

Les Frères musulmans égyptiens ont quand à eux évoqué une possible implication des services secrets israéliens, le Mossad, estimant que l'assaut visait à affaiblir le président Morsi, un islamiste issu de leurs rangs.

M. Morsi avait déclaré peu après l'attaque que des «instructions claires» avaient été données pour reprendre «le contrôle total du Sinaï», où la situation sécuritaire s'est détériorée après la chute en 2011 de son prédécesseur, Hosni Moubarak, sous la pression d'une révolte populaire.

L'armée égyptienne n'est que très faiblement présente dans cette péninsule désertique en vertu de la démilitarisation prévue par les accords de paix israélo-égyptiens de 1979.