Deux attentats ont tué mardi neuf civils et blessé une vingtaine de personnes dont trois soldats de l'OTAN près de Kaboul, confirmant l'activité croissante des talibans autour de la capitale afghane.

Plus au nord, un soldat français est mort dans une embuscade des talibans dans la province de Kapisa, tandis qu'un membre américain de la Force internationale de l'OTAN (Isaf) a été tué par deux hommes portant l'uniforme de l'armée afghane dans la province de Paktia (est).

Une bombe télécommandée a explosé peu avant l'aube au passage d'un mini-bus à Paghman, un district habituellement calme situé juste au sud de Kaboul, faisant neuf morts et cinq blessés, tous civils, selon la police. L'homme qui a activé l'engin, un taliban, a été arrêté, a-t-elle précisé.

En fin de matinée, un camion piégé a explosé devant une base de l'Isaf dans le Logar, une province qui borde le sud de celle de Kaboul. L'attentat a été revendiqué par les talibans.

Le véhicule «a explosé devant une base de la coalition à Pul-i-Alam», capitale du Logar, a déclaré à l'AFP le chef de la police provinciale, Ghulam Sakhi Rogh Lewanai. Selon un premier bilan, «au moins 17 civils et trois soldats de l'Isaf ont été blessés», a-t-il ajouté.

L'Isaf a de son côté admis compter plusieurs blessés, sans autres précisions.

Toujours près de la capitale afghane, mais à une soixantaine de kilomètres au nord-est, un soldat français a été tué mardi et un autre blessé dans une embuscade tendue par des rebelles, a annoncé l'armée française, précisant que les combats avaient également fait une dizaine de morts côté insurgés.

Selon l'armée française, un détachement d'environ 130 militaires français a été pris à partie «par des tirs d'infanterie et de roquettes» d'un groupe d'une vingtaine d'insurgés à proximité du village de Tagab.

Deux militaires français ont été blessés et évacués par hélicoptère vers Kaboul, mais l'un d'eux a succombé à ses blessures. L'autre est hors de danger, selon la même source.

L'incident porte à 88 le nombre de soldats français tués depuis le début de l'intervention armée occidentale en Afghanistan, il y a plus de dix ans, dont 54 dans la province de Kapisa, théâtre d'accrochages incessants avec les talibans.

Les Français ont officiellement transféré début juillet la responsabilité de la sécurité de cette province aux autorités afghanes, mais y ont toujours des soldats.

Dans la province de Paktia (est), un membre de l'armée américaine est mort mardi, «tué par deux individus portant l'uniforme de l'Armée nationale afghane, qui ont tourné leurs armes contre des membres de l'Isaf», a annoncé la Force de l'OTAN.

Les deux auteurs présumés de ce qui apparaît comme un nouveau «tir fratricide» ont été interpellés et une enquête est en cours pour déterminer s'il s'agit d'une infiltration de talibans au sein de l'armée afghane ou pas, a déclaré à Washington un responsable américain qui a requis l'anonymat.

Cette fusillade est le dernier d'un nombre croissant d'incidents au cours desquels des soldats afghans ont retourné leurs armes contre des membres des forces alliées qui luttent en Afghanistan contre les rebelles talibans depuis plus d'une décennie et assurent la formation de l'armée afghane.

Malgré la présence de 130.000 soldats de l'Isaf, en soutien aux 352.000 militaires et policiers afghans, le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l'Isaf n'ont pas réussi à vaincre l'insurrection menée par les talibans, laissant craindre une guerre civile après le retrait occidental.

L'Isaf a rapporté la semaine dernière que le nombre d'attaques des talibans avait augmenté de 11% entre avril et juin par rapport à la même période de 2011, en recensant plus de 100 en juin, un record en près de deux ans. Ces dernières semaines, nombre d'incidents ont eu lieu autour de Kaboul.

Jeudi dernier, les services de sécurité afghans ont annoncé avoir déjoué un projet d'attentat suicide des talibans à Kaboul, après un raid de six heures qui avait tué cinq rebelles dans la capitale.

Des attaques ont aussi eu lieu récemment dans des provinces reculées et habituellement paisibles, comme celle de Bamiyan (centre), où deux soldats néo-zélandais ont été tués samedi.

Dans la province voisine de Ghor, un responsable local de la police a été tué et trois de ses collègues blessés lundi par l'explosion d'une bombe télécommandée placée sur un âne, un stratagème très occasionnellement employé ces dernières années par les rebelles.

Les talibans avaient averti au début de leur traditionnelle offensive d'été qu'ils allaient viser en particulier les Afghans travaillant pour des firmes étrangères.

Ces deux dernières semaines, dans le Logar et la province voisine du Wardak, plus d'une dizaine de civils travaillant pour l'OTAN ou un de ses sous-traitants occidentaux ont été enlevés et tués par les rebelles, selon les autorités locales.