L'ex-premier ministre israélien Ehud Olmert a été jugé coupable dans une affaire de corruption mardi, mais acquitté de cette charge dans deux autres dossiers plus graves, au terme d'un retentissant procès.                

L'ancien chef de gouvernement a accueilli avec soulagement le jugement de plus de 700 pages du Tribunal de district de Jérusalem, qui a entendu quelque 280 témoins en plus de deux ans.

« Il n'y a pas eu de corruption, je n'ai pas reçu d'argent, il n'y a pas eu d'enveloppes de liquide, il n'y a rien de tout ce dont on a essayé de m'accabler », a déclaré M. Olmert aux journalistes à la sortie du tribunal.

« Les affaires Talansky et Rishon Tours étaient au coeur des accusations portées contre moi, et j'ai été blanchi dans ces deux affaires. Tout était faux », a-t-il ajouté, en référence aux deux autres dossiers dans lesquels il a été acquitté « au bénéfice du doute ».

Il a par ailleurs minimisé la portée de sa condamnation, estimant que selon le jugement elle relevait d'« un comportement erroné (de sa part) au regard de la procédure ».

M. Olmert encourt jusqu'à trois ans de prison. Les délibérations sur le prononcé de la peine débuteront le 5 septembre, a précisé le tribunal de trois juges.

Il n'en aura pas pour autant fini avec la justice, puisqu'il a été inculpé le 5 janvier dans une affaire beaucoup plus grave, l'énorme scandale immobilier du projet « Holyland » à Jérusalem, alors qu'il était maire de la ville (1993-2003), impliquant pas moins de 15 autres ex-hauts responsables de la municipalité.

M. Olmert a été reconnu coupable de corruption dans l'affaire dite du « Centre d'investissement », un organisme officiel par le biais duquel il a favorisé des prêts et des garanties officielles au profit de sociétés gérées par Uri Messer, son ex-associé dans un cabinet d'avocats, alors qu'il était ministre du Commerce et de l'Industrie (2003-2006).

« L'accusé éprouvait beaucoup d'affection pour M. Messer, et s'est préoccupé de lui. Il s'agit d'un conflit d'intérêts », selon un des attendus du jugement.

Selon Moshé Hanegbi, expert des affaires juridiques de la radio publique, la peine pourrait être infamante, ce qui interdirait pendant sept ans à M. Olmert toute activité politique.

Dans le dossier Morris Talansky, l'ancien chef de gouvernement était accusé d'avoir reçu de cet homme d'affaires juif américain des centaines de milliers de dollars en liquide pour prix de son influence en tant que ministre du Commerce et de l'Industrie.

Dans l'affaire dite de l'agence de voyages « Rishon Tours », il était accusé de s'être fait rembourser plusieurs fois des vols à l'étranger en présentant séparément des factures à l'État et à des organisations de bienfaisance pour un seul et même voyage.

Se disant victime d'une « chasse aux sorcières », M. Olmert a toujours clamé son innocence, et ses avocats ont publiquement appelé après le verdict le Parquet « à faire son examen de conscience ».

Ancien dirigeant du parti centriste Kadima, il a dû présenter sa démission de ses fonctions de chef du gouvernement le 21 septembre 2008 après que la police eut recommandé son inculpation dans cette série d'affaires, quittant effectivement le pouvoir en mars 2009.

M. Olmert a souvent eu maille à partir avec la justice, ce qui lui a valu d'être qualifié par les médias israéliens de « suspect en série », et s'en est jusqu'ici toujours sorti.

Dans le passé, d'autres personnalités politiques israéliennes de premier plan se sont déjà retrouvées derrière les barreaux, notamment l'ex-président Moshé Katzav et l'ex-ministre des Finances Avraham Hirshson qui purgent encore respectivement 7 ans de prison ferme pour viols, et 5 ans et 5 mois pour détournements de fonds publics.