Au moins 38 personnes ont péri mardi en Irak dans plusieurs attentats, dont 26 lors de l'explosion d'un camion piégé dans un marché de Diwaniya, au sud de Bagdad, attaque qui « porte la marque d'Al-Qaïda », selon le gouverneur de la province.  

Ces attaques n'ont pas été revendiquées, mais nombre d'entre elles visaient clairement la communauté chiite, majoritaire en Irak, qui s'apprête à commémorer vendredi la naissance du Mahdi, une figure centrale du chiisme.

À Diwaniya, une ville de près d'un demi-million d'habitants à 160 km au sud de Bagdad, c'est le principal marché aux légumes, en plein coeur de l'agglomération, qui a été visé par l'explosion d'un camion piégé, vers 10 h 15 locales (3h15, heure de Montréal), heure à laquelle l'affluence est à son comble.

Au moins 26 personnes ont été tuées et 50 autres blessées, selon le dirigeant des services de santé de la province, Adnane Turki.

« L'explosion a provoqué une grosse boule de feu dans le ciel. Tout le monde courrait dans toutes les directions », a expliqué Muslim Farhan, qui se trouvait près du lieu de l'attentat.

Peu après l'attaque, les forces de sécurité ont décrété un couvre-feu dans l'ensemble de l'agglomération.

« Cet attentat porte la marque d'Al-Qaïda, mais notre enquête se poursuit et le couvre-feu court toujours. Nous annoncerons demain (mercredi, NDLR) les résultats de notre enquête », a déclaré le gouverneur de la province de Diwaniya, Salim Hussein Alouanne, lors d'une conférence de presse à la mi-journée.

Aux petites heures du matin, quatre pèlerins chiites en chemin vers Kerbala, haut lieu de l'islam chiite, avaient péri dans l'explosion de deux voitures piégées à Freyha, à environ 110 km au sud de Bagdad, selon le colonel Ahmed al-Hasnaoui, porte-parole de la police de la province de Kerbala et une source hospitalière. Treize personnes ont été blessées.

Kerbala abrite les mausolées de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, ainsi que celui de son demi-frère, Abbas.

Tensions inter-religieuses

Les fidèles s'y rendent en masse, à trois jours des commémorations de la naissance du Mahdi, le douzième imam selon la croyance chiite.

« Des groupes extrémistes tels qu'Al-Qaïda (...) vont sans doute s'en prendre à eux dans l'espoir d'exacerber les tensions inter-religieuses », a mis en garde mardi John Drake, expert au sein d'AKE Group, une firme spécialisée dans la sécurité.

Dans la province de Diyala, au nord de la capitale irakienne, deux attaques ont fait quatre morts. Deux fils d'un membre de Sahwa, une milice anti-Al-Qaïda, et deux agriculteurs ont été tués, selon une source médicale et une autre au sein des forces de sécurité.

À Taji, à 25 kilomètres de Bagdad, deux personnes, dont un policier, ont péri lors de l'explosion de deux bombes, selon une source au ministère de l'Intérieur. Une première bombe a détoné, puis une seconde au moment où la police arrivait sur place. Une source à l'Hôpital de Kazimiya, un quartier du nord de Bagdad, a cependant assuré avoir reçu les cadavres de trois personnes.

Par ailleurs, à Touz Khourmatou, une ville située à 175 kilomètres au nord de la capitale irakienne, un engin a explosé au passage d'une patrouille de police, tuant un des agents et en blessant un autre, selon un colonel de la police de la ville et le docteur Aiden Ahmed de l'Hôpital de Touz Khourmatou.

Enfin, l'explosion d'une bombe placée près d'une mosquée dans un quartier majoritairement sunnite de Bagdad a fait un mort et cinq blessés, selon des sources médicales et sécuritaires.

Les violences en Irak ont considérablement diminué par rapport aux terribles années 2006 et 2007, mais demeurent courantes dans le pays en proie à une grave crise politique et à des tensions confessionnelles.