L'Iran a entamé lundi des manoeuvres militaires simulant l'attaque d'une «base étrangère» dans la région à l'aide de toute une panoplie de missiles balistiques, dont certains capables de frapper Israël ou les forces américaines au Moyen-Orient.

Ces manoeuvres de trois jours, baptisées «Prophète 7», doivent mettre en oeuvre «des dizaines de missiles», dont des missiles balistiques Shahab 3 de 2000 km de portée, a indiqué un communiqué des Gardiens de la révolution, la garde prétorienne du régime qui contrôle les forces missilières iraniennes.

Elles ont été organisées dans le Dasht-e-Kavir, grand désert du centre de l'Iran où a été construite «une réplique d'une base aérienne» appartenant à une «force extérieure à la région», selon la même source.

«Des missiles de différentes portées seront tirés (contre cette réplique) de différents endroits du pays», a indiqué le communiqué. Outre le Shahab 3, l'exercice mettra en oeuvre une demi-douzaine de types de missiles balistiques iraniens différents, de 200 à 750 km de portée, a précisé la même source.

Il doit permettre de vérifier la précision et l'efficacité des tirs de ces missiles, seul armement de l'Iran capable de frapper des objectifs hors de ses frontières en l'absence d'une aviation moderne ou d'une marine de haute mer assez puissante.

Les responsables iraniens n'ont pas précisé la nationalité de la base dont la réplique allait servir de cible aux manoeuvres, mais ils ont régulièrement menacé, ces dernières années, de frapper non seulement Israël, mais également les bases américaines dans le Golfe et au Moyen-Orient si l'Iran était attaqué.

Israël et les États-Unis ont évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois l'éventualité de frappes contre les sites nucléaires iraniens en cas d'échec des efforts diplomatiques des grandes puissances pour convaincre Téhéran de réduire son programme nucléaire controversé.

Les négociations ont repris en avril après 15 mois de blocage, mais trois rounds de négociations à Istanbul, Bagdad et Moscou n'ont pas permis de sortir de l'impasse, accroissant ainsi les risques d'une confrontation militaire.

Cette démonstration de force iranienne intervient alors qu'une nouvelle réunion, au niveau des experts, est prévue mardi à Istanbul entre l'Iran et le groupe des 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) pour essayer de faire avancer le dossier.

Ces nouvelles manoeuvres «visent à envoyer un message aux nations aventureuses» qui seraient tentées d'attaquer l'Iran, a expliqué dimanche le général Amir Ali Hajizadeh, commandant des forces missilières iraniennes.

Il a rappelé que «les bases américaines (au Moyen-Orient) sont à portée des missiles» iraniens, et estimé que les États-Unis s'efforçaient, pour cette raison, de dissuader Israël d'attaquer l'Iran.

Mais si malgré tout l'État hébreu décidait une frappe militaire, «il nous donnerait un prétexte pour le rayer de la surface de la Terre», a-t-il affirmé.

Il n'existe aucune information fiable et précise sur le nombre de missiles que l'Iran possède. Téhéran affirme que sa panoplie comprend une cinquantaine de modèles différents, pour la plupart dérivés d'engins russes, chinois ou nord-coréens.

Selon des experts occidentaux, l'Iran disposerait au moins de plusieurs dizaines de missiles balistiques Shahab 3 et Sejil 2, capables de frapper Israël ou des objectifs américains.