L'Irak a rompu sa coopération avec les États-Unis dans le domaine archéologique, Washington n'ayant pas rendu à Bagdad ses archives juives, a déclaré le ministre du Tourisme et de l'Archéologie Liwaa Smaisim dans un entretien à l'AFP.    

La question des archives emmenées aux États-Unis après l'invasion américaine de l'Irak en 2003 est une pomme de discorde entre Washington et Bagdad, qui réclame leur retour depuis des années.

M. Smaisim, membre du mouvement du chef chiite Moqtada al-Sadr, connu pour son anti-américanisme, a affirmé que l'Irak utiliserait « tous les moyens » pour que ces archives leur soient remises.

« Un des moyens de pression que j'ai utilisés contre les Américains est que j'ai arrêté les missions d'exploration (archéologiques) américaines », a-t-il déclaré. « Les Américains ont essayé par différents moyens, notamment la pression, de reprendre le travail (avec nous), mais c'est une décision définitive ».

Le ministre a souligné que des millions de documents, dont des archives juives, avaient été transférés aux États-Unis. Quelque 70 % de ces archives sont en hébreu, 25 % en arabe et 5 % dans d'autres langues, selon lui.

Les archives, retrouvées dans le sous-sol inondé du quartier général des services secrets à Bagdad en 2003, comprennent des rouleaux de la Torah, des textes de la loi juive, des livres d'enfants, des documents en arabe produits par des juifs irakiens et des rapports du gouvernement sur la communauté juive.

L'Irak accueillait une importante communauté juive dans le passé, mais ses membres ont quitté massivement le pays après la création d'Israël et la première guerre israélo-arabe en 1948.

En 2003, les Américains « ont déplacé les archives. L'accord qui avait été signé entre l'Irak et les Américains à ce moment-là stipulait qu'elles soient remises en 2005 après leur restauration, mais nous sommes à présent en 2012 », souligne-t-il.

Pour M. Smaisim, la question des archives juives fait « partie d'un problème plus grand » avec Washington, qui conserve selon lui 72 000 objets appartenant à l'Irak.

« Nous avons demandé aux Américains d'inventorier ces objets ainsi que les archives juives (...) et de les envoyer à l'Irak (...), mais ils n'ont pas répondu », a-t-il poursuivi.

« À cause de tout cela, nous avons arrêté de coopérer avec eux depuis le début de l'année », explique le ministre irakien.

Interrogé à propos des archives, le porte-parole de l'ambassade des États-Unis Michael McClellen a indiqué qu'elles étaient « sous la garde provisoire des archives nationales américaines, la National Archives and Records Administration (NARA), à des fins de conservation et de numérisation. »

« Le département d'État américain finance la phase finale du projet qui comprend une exposition éducative bilingue (anglais/arabe) du matériel, aux États-Unis et en Irak », a-t-il dit, ajoutant que « tout le matériel retournera en Irak à la fin du projet ».

À propos d'autres objets irakiens, M. McClellen a indiqué que les États-Unis oeuvraient au retour de tout objet d'antiquité obtenu de manière illégale, soulignant que les fouilles impliquant des universités et archéologues américains avaient été menées « avec le soutien des gouvernements irakiens »

Le ministre s'est d'autre part dit confiant quant à l'épanouissement du tourisme archéologique, « un avenir prometteur pour le secteur touristique » en Irak, où le secteur repose principalement sur le tourisme religieux qui attire plusieurs centaines de milliers de visiteurs tous les ans.

Mais pour cela, « nous avons besoin d'infrastructures, notamment des hôtels, des routes et des services », a-t-il souligné, assurant que « le travail a commencé ».

« L'Irak commence à comprendre que le tourisme est le secteur le plus important après le pétrole ».