Au moins 72 personnes ont péri mercredi dans une vague d'attentats en Irak en pleine célébration d'une fête religieuse chiite, les violences les plus sanglantes depuis près d'un an dans le pays.

Le premier ministre Nouri al-Maliki a mis en garde contre les « conséquences négatives des querelles politiques sur la situation sécuritaire » au moment où le pays est plongé depuis des mois dans une grave crise politique.

Les représentations des États-Unis et de l'ONU en Irak ont condamné les attentats, de même que le président du Parlement Ossama al-Noujaifi qui y a vu une tentative « de provoquer des troubles confessionnels ».

Les militants extrémistes sunnites, qui considèrent les pèlerins chiites comme des hérétiques, avaient par le passé multiplié les attentats contre eux notamment pendant les fêtes religieuses marquées par d'importants rassemblements de fidèles.

Face à la nouvelle série d'attaques dans laquelle 250 personnes ont également été blessées, le gouvernement a annoncé que jeudi serait jour chômé dans les administrations de la province de Bagdad « afin de faciliter le travail des forces de sécurité et le mouvement des pèlerins ».

Les attentats ont été perpétrés alors que la communauté chiite, majoritaire dans le pays, célèbre l'anniversaire du décès de Moussa al-Kazem, septième des 12 imams vénérés par les chiites duodécimains. Cette fête attire chaque année des dizaines de milliers de fidèles venus d'autres villes, souvent à pied, et son point culminant aura lieu en fin de semaine.

Au moins 42 attaques ont été recensées à Bagdad, Hilla, Kerbala, Aziziya, Balad, Baqouba, Fallouja et Hit (centre), Kirkouk et Mossoul (nord) : 18 à la voiture piégée, 18 à la bombe et six à main armée.

L'attaque la plus meurtrière a frappé Hilla (95 km au sud de Bagdad), où deux voitures piégées ont fait 20 morts et 51 blessés. À Bagdad, 28 personnes ont été tuées et 53 blessées dans différents quartiers frappés par des attaques, selon des sources de sécurité et médicales.

L'une des voitures piégées a explosé à Kazimiya, quartier chiite de Bagdad où se trouve le mausolée de l'imam Kazem et lieu des cérémonies. La bombe, qui a explosé dans une zone de maisons modestes, a totalement détruit le minibus qui la transportait.

« L'explosion s'est produite vers 5 h (22 h mardi, heure de Montréal). Tout le monde dormait. Je ne pouvais pas voir à deux mètres à cause de la fumée et de la poussière. Après j'ai évacué trois corps, deux enfants et une vieille femme, ils étaient tous morts », a dit un habitant, Abdel Zahra Abdel Sada, 57 ans.

Des voitures piégées ont également explosé dans le quartier chiite de Nahrawan, à la limite sud de Bagdad, et à Karrada (centre) où de nombreux pèlerins étaient rassemblés.

« Nous leur préparions le petit déjeuner lorsqu'un taxi jaune s'est garé en face de la tente où il y avait foule, dont des femmes et des enfants qui se reposaient », a raconté Sajjad Abbas. « Quelques minutes plus tard, la voiture a explosé et il y a eu une boule de feu. Tout était détruit. Trois personnes qui travaillaient avec moi ont été tuées et j'ai transporté les corps démembrés de trois enfants ».

Dans la région de Baqouba (60 km au nord de Bagdad), dix bombes ont explosé faisant dix morts et 49 blessés.

Au moins deux personnes ont été tuées par l'explosion de trois voitures piégées à Kirkouk, selon des responsables de sécurité et médicaux.

Un journaliste de l'AFP, Marwan Ibrahim, 34 ans, a été grièvement blessé par une voiture piégée à Kirkouk alors qu'il se rendait sur le site d'un attentat. Il souffre de brûlures et contusions, d'ecchymoses à la tête et de surdité de l'oreille droite.

Il s'agit de la vague d'attentats la plus sanglante depuis le double attentat du 15 août 2011 dans lequel 74 personnes ont péri à Kout (160 km au sud-est de Bagdad).

La dernière attaque d'ampleur à Bagdad remonte au 4 juin, 25 personnes avaient été tuées dans un attentat-suicide qui avait détruit le siège d'une fondation religieuse chiite. Il avait été revendiqué par l'État islamique d'Irak, paravent d'Al-Qaïda.