Les restes d'une centaine de combattants palestiniens tués depuis le début de l'occupation en 1967 ont été restitués jeudi par Israël, un geste censé « établir la confiance » entre les deux parties.

Les dépouilles de 79 « martyrs » ont été conduites au quartier général du président Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie, où se trouve le tombeau du défunt président Yasser Arafat, pour une cérémonie officielle, avec une salve d'honneur de 21 coups, et une prière funéraire.

Ils ont ensuite été remis à leurs proches pour être enterrés dans leur localité d'origine, sauf 17 dont les familles se trouvent hors des Territoires palestiniens et qui ont été inhumés sur place.

Douze autres ont été acheminés vers la bande de Gaza contrôlée par le Hamas.

Les 91 dépouilles, qui reposaient dans le « cimetière des combattants ennemis » d'Israël, dans la vallée du Jourdain, ont été remises à 4 h (21 h mercredi, heure de Montréal), a indiqué à l'AFP le responsable des Affaires civiles au sein de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh.

« Nous avons commencé à négocier sur un second groupe de 70 martyrs, que nous espérons recevoir le mois prochain. Mais il y a des difficultés dans les négociations parce que leur identité n'est pas certaine », a-t-il ajouté.

Le porte-parole du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Mark Regev, a indiqué « espérer que ce geste humanitaire servira à la fois à établir la confiance et à remettre le processus de paix sur les rails ».

Le bureau de M. Nétanyahou avait annoncé le 14 mai, peu après la conclusion d'un accord pour lever la grève de la faim massive de détenus palestiniens d'Israël, qu'il allait « faire un geste en faveur du président Abbas et remettre à l'Autorité palestinienne les dépouilles de cent terroristes qui ont trouvé la mort lors d'attaques ».

Ces attaques, dont des attentats-suicide, ont provoqué la mort de nombreux Israéliens, selon les médias locaux.

« Héros de Palestine »

Le Hamas a souligné qu'« en ce jour se mélange le sang des martyrs et héros du navire Marmara avec celui des martyrs et héros de Palestine », en référence aux neuf passagers turcs du Mavi Marmara, tués dans un assaut israélien il y a deux ans jour pour jour, voyant dans cette coïncidence un signe divin.

Parmi les 91 « martyrs » figurent notamment huit membres d'un commando venu du Liban, tués en mars 1975 dans l'assaut israélien sur l'hôtel Savoy de Tel-Aviv, où ils s'étaient barricadés avec des otages après avoir débarqué sur la plage.

Certaines familles ont exprimé leur surprise, croyant leurs proches déjà enterrés dans les Territoires palestiniens ou n'ayant jamais été officiellement informées de leur mort.

« Nous avons été surpris de découvrir le nom de mon frère sur la liste », a déclaré le frère de Nasser al-Bouz, porté disparu depuis 1989, fondateur à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, des « Panthères noires », groupe armé issu du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, pendant la première Intifada (1987-1993).

« Nous avons perdu notre dernier espoir de le retrouver vivant », a ajouté Sobhi al-Bouz. « La question reste posée : que lui est-il arrivé, comment est-il mort et pourquoi l'occupation n'a-t-elle rien dit pendant toutes ces années? », a-t-il souligné.

Nasser al-Bouz était « le plus recherché par l'occupant qui l'accusait d'avoir créé les Panthères noires et liquidé des collaborateurs », a précisé son frère.

La mère d'Ezzeddine Misk, tué en 2003 par l'armée israélienne à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, a confié qu'elle « aurait préféré la libération d'un prisonnier qui puisse retrouver sa mère, plutôt que mon fils, qui me reviendra en tant que cadavre ».

« Mais au moins, maintenant, je pourrai me rendre sur sa tombe et y réciter le Coran », a ajouté Mahera Misk, 70 ans.

En juillet 2011, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak avait suspendu in extremis la restitution prévue des restes de 84 Palestiniens, au motif de « vérifications sur leur identité ».

Selon la campagne nationale pour le recouvrement des corps des « martyrs », Israël détient les restes de quelque 300 d'entre eux.