Le président Hamid Karzaï a annoncé dimanche que l'armée afghane allait assurer la sécurité des trois quarts des Afghans à la suite de la prochaine étape, la troisième sur cinq prévues, du transfert par l'OTAN d'ici à fin 2014 de la sécurité aux forces locales.

Le président américain Barack Obama a immédiatement félicité dimanche le gouvernement afghan pour le «pas en avant important» accompli dans le domaine du transfert de la sécurité.

Des responsables afghans ont déclaré que la troisième phase, qui commence dès dimanche, pourrait prendre de 3 à 6 mois. L'Isaf, la force armée de l'OTAN en Afghanistan, a évalué la durée de la transition dans une zone donnée à douze à dix-huit mois.

Les deux premières phases du processus de transfert entamé en juillet 2011 ont déjà placé la moitié de la population de l'Afghanistan sous contrôle afghan.

Au terme de la troisième phase, qui concerne 122 nouveaux districts dispersés dans tous le pays, onze provinces seront entièrement passées sous contrôle afghan, selon un communiqué de la présidence.

La Kapisa (nord-est), à l'instar de l'Oruzgan (BIEN Oruzgan) et de Parwan, trois provinces jusqu'alors non concernées par la transition, verra l'intégralité de son territoire confié à l'armée et à la police locales.

Très instable - moins que l'Oruzgan (sud), aujourd'hui contrôlé par les forces australiennes mais bien plus que Parwan (nord-est), sous autorité américaine -, la Kapisa abrite la grande majorité des 3400 soldats français, qui la contrôlent.

Son transfert équivaut à «une reconnaissance du travail effectué par les militaires français et les équipes civiles sur le plan du développement», a remarqué, dans un entretien avec l'AFP, Bernard Bajolet, l'ambassadeur de France en Afghanistan.

Le nouveau président français élu, François Hollande, a insisté ces derniers mois sur son objectif de retirer les troupes combattantes françaises d'ici à la fin 2012, soit deux ans avant le terme prévu de la mission de l'OTAN en Afghanistan.

Les modalités du départ accéléré des troupes françaises de Kapisa, qui risque de poser de gros problèmes de sécurité dans cette province, «font l'objet de négociations» entre Paris, Kaboul et les États-membres de l'OTAN, a observé M. Bajolet.

La France dispose du 5e contingent de l'Isaf, qui compte encore 130 000 soldats en Afghanistan, mais dont la grande majorité des troupes aura quitté ce pays d'ici la fin 2014.

Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a salué l'annonce du président Karzaï.

«Une fois cette décision appliquée, la transition aura commencé dans chacune des 34 provinces d'Afghanistan, y compris dans les capitales de ces provinces», a réagi le secrétaire général dans un communiqué.

«Nous nous rapprochons pas à pas de notre objectif commun (au peuple afghan et à l'OTAN): voir les forces afghanes chargées de la totalité de la sécurité du pays d'ici à fin 2014», s'est-il félicité.

Le commandant de l'Isaf, le général américain John Allen, a également fait part de sa satisfaction, soulignant qu'il s'agissait d'«un témoignage de la capacité et de l'aptitude» de l'armée afghane à assurer la sécurité.

«L'Afghanistan continue à aller de l'avant dans la sécurisation de l'avenir souverain du pays et la sécurité de ses frontières (...)», a-t-il ajouté.

Reste à solutionner le problème du financement des forces afghanes, qui aujourd'hui comptent environ 350 000 hommes, mais que la coalition, pour des raisons économiques, souhaite ramener à 228 000 soldats et policiers.

«Nous espérons discuter de la poursuite du soutien financier pour nos forces à Chicago et obtenir un résultat», a estimé Ashraf Ghani Ahmadzai, chef de la commission chargée de la transition.

La réduction de la taille des troupes afghanes pourrait créer d'énormes problèmes de sécurité, notamment parce que plus de 120 000 hommes formés au combat se retrouveraient sans emploi, ce qui en pousserait assurément une partie dans les bras de l'insurrection.

Celle-ci, menée par les talibans, que la coalition de l'OTAN a chassé du pouvoir fin 2001, continue à mener une guérilla sanglante, notamment dans le sud et l'est du pays.