Le président palestinien Mahmoud Abbas a mis en garde dimanche contre un «désastre national» en cas de décès d'un des détenus d'Israël, une perspective que tentaient de conjurer les protagonistes.

«Un accord sur la question des prisonniers a été conclu au Caire, mais il doit être approuvé par les détenus», a indiqué à l'AFP une source proche du dossier sous le couvert de l'anonymat.

«Nous nous attendons à ce que l'administration pénitentiaire rassemble demain (lundi) les représentants des prisonniers pour leur présenter cet accord», a-t-on ajouté.

Interrogée, la porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne Sivan Weizman n'a pas confirmé l'imminence d'un accord.

«En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas parvenus à la conclusion» d'un accord, a-t-elle déclaré à l'AFP, faisant état de 1550 grévistes de la faim.

Selon un responsable politique israélien, cité par la radio publique, un accord mettant un terme à la grève de la faim pourrait être conclu lundi ou mardi en cas d'accommodements sur la détention des prisonniers en cellule d'isolement et sur les visites aux prisonniers des familles de Gaza.

Le Hamas, au pouvoir à Gaza, qui a envoyé une délégation au Caire pour des discussions sur les prisonniers, a fait état de contacts entre l'Egypte et Israël pour trouver un dénouement à la crise.

«La partie israélienne joue avec les mots. Après les efforts louables des Egyptiens (...) afin de répondre aux exigences israéliennes, et tenter de mettre fin à la grève de la faim et à la crise, les Israéliens ont changé d'avis il y a deux jours», a affirmé à l'AFP le numéro deux du Hamas, Moussa Abou Marzouk, dans une interview dimanche au Caire.

Selon lui, les autorités israéliennes sont revenues sur leurs promesses de lever l'isolement carcéral de certains prisonniers et de faciliter les visites des familles.

Entre un tiers et environ la moitié des quelque 4700 détenus palestiniens d'Israël (dont près de 310 en détention administrative) sont en grève de la faim, dont sept entre un mois et demi et deux mois et demi, selon l'administration pénitentiaire, des sources officielles palestiniennes et des organisations humanitaires.

Ils réclament l'abolition de l'isolement carcéral et de la détention administrative, qui permet l'incarcération sans inculpation ni jugement pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment, ainsi que l'autorisation des visites pour les prisonniers originaires de Gaza.

«La situation des prisonniers est extrêmement dangereuse. Certains d'entre eux risquent des lésions très graves, ce qui serait un désastre national que personne ne saurait tolérer», a prévenu M. Abbas avant de présider une réunion du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

«J'espère et je prie Dieu que personne ne souffre davantage car ce serait une énorme catastrophe», a-t-il insisté.

Le sort des prisonniers a dominé la rencontre du président palestinien samedi soir avec Yitzak Molcho, l'émissaire personnel du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou porteur d'une lettre sur le processus de paix.

Des responsables palestiniens ont dit espérer prochainement une réponse positive des autorités israéliennes aux revendications des prisonniers, sous peine d'intensification du mouvement.

L'urgence d'un dénouement s'accroît à l'approche du 15 mai, anniversaire de la «Nakba» («catastrophe» en arabe, terme par lequel les Palestiniens désignent la création d'Israël en 1948 et l'exode de 760 000 d'entre eux qui s'en est suivi), régulièrement marqué par des manifestations et un regain de tensions dans les Territoires palestiniens.