Les résultats préliminaires du second tour des élections parlementaires de vendredi en Iran indiquent que les rivaux conservateurs du président Mahmoud Ahmadinejad sont en avance dans plusieurs circonscriptions, dans un scrutin considéré par le régime comme un vote d'approbation de son programme nucléaire contesté par la communauté internationale.

L'agence de presse semi-officielle Mehr a annoncé que les opposants du président semblaient avoir remporté la majorité des 65 sièges à pourvoir au second tour. Les résultats officiels sont attendus samedi.

Les rivaux conservateurs de Mahmoud Ahmadinejad ont déjà remporté une majorité absolue des 290 sièges soumis au vote lors du premier tour, en mars. Le second tour devrait leur permettre de consolider leur victoire.

Selon l'agence Mehr, plus de cinq millions d'Iraniens se sont rendus aux urnes vendredi, dont un million dans la capitale, Téhéran, le seul endroit du pays où les partisans et les opposants du président sont au coude à coude, selon les résultats de plusieurs bureaux de vote.

Les résultats laissent penser que Mahmoud Ahmadinejad fera face à un Parlement beaucoup plus belliqueux pour le reste de son deuxième mandat de quatre ans, qui prend fin en août 2013.

Le président Ahmadinejad, réélu en 2009 lors d'un scrutin contesté par l'opposition réformatrice, est en difficulté depuis qu'il a tenté d'étendre l'autorité de la présidence en défiant le pouvoir suprême de l'ayatollah Khamenei, en avril 2011. Ses alliés ont été écartés des postes d'importance et son influence politique se retrouve affaiblie.

Le nouveau Parlement commencera ses travaux à la fin du mois de mai. Bien qu'il n'ait pas de pouvoir de décision dans les grands dossiers comme le programme nucléaire, il peut influencer le choix du successeur de M. Ahmadinejad et d'autres haut dirigeants, et soutenir la politique du Guide suprême.

Les pays occidentaux accusent l'Iran de développer un programme nucléaire clandestin et exigent qu'il renonce aux activités suspectes, en particulier l'enrichissement d'uranium, pour prouver qu'il veut uniquement produire de l'énergie et mener des recherches contre le cancer, comme le soutient le régime.

«Je conseille au peuple de prendre le second tour aussi sérieusement que le premier», a déclaré l'ayatollah Khamenei à la télévision d'État après avoir déposé son bulletin dans l'urne.

«J'ai voté seulement parce que nos dirigeants ont besoin de notre soutien pour les négociations» sur le nucléaire, a affirmé un ingénieur en électricité, Ali Attar.

En avril, les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et l'Allemagne ont repris des discussions avec l'Iran sur son programme nucléaire. La rencontre a débouché sur un accord pour poursuivre les pourparlers ce mois-ci à Bagdad.

Les Six ont déjà exclu de lever ou d'assouplir les sanctions contre l'Iran, mais le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a déclaré à la télévision d'État qu'une forte participation aux élections de vendredi illustrerait le soutien de la population envers le gouvernement et pourrait influencer les pays occidentaux.

«Les ennemis dans le monde seront repoussés et la paix reviendra dans la région», a-t-il lancé.