La région autonome du Kurdistan irakien a indiqué avoir cessé dimanche ses exportations de pétrole en raison d'un litige financier avec le gouvernement central de Bagdad, avec lequel elle est en conflit depuis des mois.

«L'exportation de pétrole du Kurdistan a été interrompue depuis aujourd'hui, car le gouvernement fédéral de Bagdad n'a pas honoré ses engagements financiers», a indiqué le ministère kurde des Ressources naturelles dans un communiqué.

«Après consultations avec les compagnies productrices, le ministère a décidé à contrecoeur de suspendre les exportations jusqu'à nouvel ordre. Aucun paiement n'est intervenu depuis 10 mois et les autorités fédérales n'ont manifesté aucune intention de payer», selon le ministère.

«Nous espérons qu'il s'agit d'une mesure temporaire», poursuit-il, qualifiant la situation de «malheureuse».

«À partir de maintenant, la production sera détournée vers le marché local pour être traitée et raffinée afin de générer une source de revenus alternative pour les entreprises», souligne le ministère.

Le Kurdistan avait menacé lundi dernier de mettre fin à ses exportations de brut si Bagdad n'honorait pas ses dettes envers lui, qu'il estimait à «près de 1,5 milliard de dollars».

«Nous espérons que ceux qui sont responsables de l'absence de paiement au gouvernement se rendront rapidement compte que leur échec à honorer leurs engagements ne va pas dans le sens des intérêts du peuple irakien», note le ministère.

Le vice-premier ministre irakien, Hussein Chahristani, avait mis en garde un plus tôt dimanche le Kurdistan à ce sujet.

«Je leur conseillerais, avant de proférer des menaces, de prendre en compte le (montant des revenus du) pétrole qu'ils reçoivent du reste du pays, qui est beaucoup plus important que ce qu'ils produisent», avait-il dit dans un entretien à l'AFP.

Le Kurdistan se voit allouer 17% du budget fédéral de l'Irak alors que sa part dans les exportations de pétrole du pays est moindre, avait-il souligné.

Il avait également accusé la région de ne pas tenir ses engagements d'accroître sa production de brut. «Cela va à l'encontre de (ses) engagements pour le budget 2012: la région kurde doit fournir 175 000 barils par jour», avait-il souligné.

«Si ce niveau n'est pas atteint, ils en supporteront les conséquences et il devra y avoir une compensation financière au ministère des Finances», avait-il déclaré.

Le Kurdistan et Bagdad sont en conflit sur de nombreux thèmes. Ces derniers mois, le cas de la major pétrolière américaine ExxonMobil, qui souhaite s'implanter à la fois dans les deux parties du pays, ce que refuse catégoriquement le gouvernement, a suscité une vive polémique. Même chose pour le français Total, qui envisage aussi de s'implanter au Kurdistan.

Erbil et Bagdad s'opposent aussi sur la souveraineté d'une bande longue de 650 km, riche en hydrocarbures, à cheval sur quatre provinces et comprenant la ville multiethnique de Kirkouk. Cet épineux dossier est considéré comme l'une des principales menaces pour la stabilité de l'Irak à terme.