Quelque 95 000 membres de Kadima votaient mardi à l'occasion d'une primaire pour désigner le chef de ce parti centriste israélien, aujourd'hui la principale formation d'opposition, mais en perte de vitesse accélérée, selon de récents sondages.

Deux candidats sont en lice: Tzipi Livni, actuellement leader de Kadima et ancienne ministre des Affaires étrangères, et Shaul Mofaz, un ex-ministre de la Défense et président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères du Parlement.

Les commentateurs s'attendent à une bataille très serrée, comme lors de leur précédent duel pour la direction de Kadima en 2008, quand Tzipi Livni ne l'avait emporté qu'avec un peu plus de 400 voix d'avance.

Les résultats du scrutin, qui doit s'achever à 22h, heure locale (16h, heure de Montréal), devraient être connus dans la nuit de mardi à mercredi. En milieu d'après-midi, le taux de participation n'était que de 15%.

Kadima a été créé par l'ancien homme fort Ariel Sharon en novembre 2005 alors qu'il était premier ministre. L'ex-général a fait scission du Likoud à la suite de l'opposition d'une partie des députés du grand parti de la droite nationaliste au retrait de la bande de Gaza qu'il avait orchestré.

Ehud Olmert a succédé début 2006 à Ariel Sharon, terrassé par une attaque cérébrale, aussi bien à la tête du gouvernement que de Kadima avant de démissionner à la suite d'une série de scandales de corruption.

Tzipi Livni a pris les rênes du parti centriste lors des dernières élections législatives de février 2009. Sous sa direction, Kadima a obtenu le plus d'élus au Parlement (28 sur 120), devant le Likoud (27) de Benyamin Nétanyahou.

Mais Mme Livni n'a pas réussi à mobiliser une majorité à la suite du refus du parti ultra-orthodoxe Shass de la soutenir, ce qui avait permis à «Bibi» Nétanyahou de former la coalition encore au pouvoir aujourd'hui.

De facto patronne de l'opposition, elle a eu le plus grand mal à faire entendre sa voix face à M. Nétanyahou au point que les derniers sondages ne créditent Kadima, qui n'a guère d'influence, que de douze à quinze députés, quel que soit son futur leader.

De nombreux électeurs de Kadima sont retournés au Likoud ou sont passés au Parti travailliste, désormais dirigé par l'ex-journaliste Shelly Yacimovich, championne des causes sociales, tandis que d'autres sympathisants sont attirés par un nouveau parti, de tendance centriste laïque, que doit diriger un ancien journaliste vedette de la télévision israélienne Yaïr Lapid.

Les législatives sont prévues en octobre 2013, mais les rumeurs sur un scrutin anticipé à l'automne se multiplient, malgré les démentis de M. Nétanyahou, qui a facilement triomphé le 1er février d'une primaire au sein du Likoud.

Selon les commentateurs, la grande inconnue de la primaire de mardi est de savoir si le perdant restera au sein de Kadima ou fera scission. Mais si le parti éclate, il est condamné au néant, prédisent-ils.

Shaul Mofaz, durant sa campagne, a affirmé qu'il accepterait le verdict des urnes et resterait au sein du parti, contrairement à Tzipi Livni qui a refusé de prendre un tel engagement.

Interrogé par l'AFP, Hanan Cristal, analyste politique de la radio-TV publique, a estimé que Tzipi Livni était mieux placée pour limiter les pertes du côté du centre-gauche face au Parti travailliste et à la future formation de Yaïr Lapid.

En revanche, Shaul Mofaz, un ancien chef d'état-major né en Iran, paraît mieux à même de conserver le soutien d'une partie des électeurs de droite de Kadima séduits par le Likoud ou le Shass, en raison de son image «sécuritaire».

Selon Hanan Cristal, si Shaul Mofaz l'emporte, il y a de fortes chances pour qu'il accepte d'entrer dans un gouvernement de coalition dirigé par Benyamin Nétanyahou qui caracole très largement en tête des sondages avec le Likoud.

Tzipi Livni, elle, continue de vouloir faire de Kadima «une alternative au gouvernement Nétanyahou».