Au moins 27 policiers ont été tués lundi à Haditha, petite ville de l'ouest de l'Irak, dans une vaste opération commando attribuée au réseau extrémiste Al-Qaïda, toujours très présent dans cette région et rompu à ce genre d'attentats contre les forces de l'ordre.    

Les attaques ont été perpétrées par une cinquantaine d'assaillants, dont certains portaient des uniformes de l'armée, à partir de 2h locales (18h dimanche, heure de Montréal), selon le lieutenant-colonel de police Owaid Khalaf.

«Nous avons reçu 27 corps, tous de policiers, et trois blessés, également des policiers», a déclaré à l'AFP le docteur Fadel el-Nemraoui, directeur de l'hôpital général de Haditha, à quelque 200 km à l'ouest de Bagdad. Un assaillant a également été tué.

Cette nouvelle attaque audacieuse survient alors que Bagdad doit accueillir le 29 mars un sommet de la Ligue arabe. Le président Jalal Talabani a assuré lundi dans un communiqué que «les préparations spéciales pour le sommet sont terminées et (que) Bagdad est désormais prête à recevoir les dirigeants arabes».

Le chef des opérations de sécurité dans la province d'Anbar, le lieutenant général Abdelaziz Mohammed Jassim a été remercié à la suite de ces événements et remplacé, a indiqué Saadoun Obeid Chaalam, membre du conseil provincial d'Anbar.

Les assaillants de Haditha ont utilisé onze 4X4 noirs maquillés en voitures officielles et attaqué quatre points de contrôle et les maisons de deux policiers, a indiqué une source de sécurité à Haditha.

Selon le lieutenant-colonel Owaid Khalaf, les attaques ont commencé simultanément contre des points de contrôle à l'ouest et à l'est de la ville.

Les assaillants sont ensuite entrés dans la ville, où ils ont retrouvé d'autres hommes armés qui les attendaient dans des voitures civiles. Leur nombre s'élevait alors à plus de 50 et ils ont poursuivi leurs attaques, selon M. Khalaf.

Ils ont ainsi pénétré de force dans les domiciles du colonel Mohammed el-Chofair, ancien chef de l'unité d'urgence de Haditha, et du capitaine Khaled Mohammed Sayil, qu'ils ont kidnappés et exécutés avant d'abandonner leurs corps. Six gardes du corps ont en outre été abattus.

«Al-Qaïda est responsable de ceci, nous avons trouvé des tracts dans une voiture qu'ils ont abandonnée», a accusé le lieutenant-colonel Khalaf. «À présent, la police, l'armée et des forces du reste (de la province) d'Al-Anbar fouillent toute la ville et un couvre-feu a été imposé».

Les forces de sécurité étaient omniprésentes lundi et les routes principales dans la ville étaient bloquées, selon un correspondant de l'AFP.

Haditha se trouve environ à mi-chemin entre Bagdad et la frontière syrienne, dans la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar.

La dernière attaque d'ampleur dans cet ancien bastion de l'insurrection sunnite après l'invasion américaine de 2003, remonte au 3 mars 2011 lorsqu'un kamikaze s'était fait exploser dans une banque, tuant 9 personnes.

Haditha fut aussi en novembre 2005 le théâtre de l'un des plus graves crimes de guerre reprochés à l'armée américaine en Irak: 24 personnes, dont des enfants, y avaient été tuées.

Les forces de l'ordre et la communauté chiite sont particulièrement visées par «l'État islamique en Irak», ombrelle de groupes affiliés à Al-Qaïda.

Le 19 février, un attentat-suicide devant l'académie de police de Bagdad a fait 15 morts. Quelques jours plus tard, le 23 février, une vague d'attentats revendiquée par Al-Qaïda dans plusieurs villes d'Irak a tué 42 personnes, dont un grand nombre de policiers.