Le nouveau Parlement iranien devrait demeurer dominé par les conservateurs critiques à l'égard du président Mahmoud Ahmadinejad, selon les premiers résultats disponibles dimanche qui montrent également un très important renouvellement des députés.

Le «Front uni des conservateurs», qui affiche clairement son opposition à M. Ahmadinejad, était en avance sur l'autre grande coalition conservatrice, le «Front de la persistance de la révolution islamique» soutenant le président, selon les médias alors que 190 des 290 élus du nouveau Majlis étaient déjà connus.

Les réformateurs qui avaient largement boycotté le scrutin de vendredi pour protester contre la répression dont ils ont été victimes depuis 2009, devraient être quasiment absents du prochain Parlement.

L'équilibre entre les nombreuses factions conservatrices qui dominaient déjà le Parlement sortant restait cependant difficile à cerner dimanche, tant les informations données par les groupes en lice et les médias étaient confuses et contradictoires.

Les annonces officielles ne mentionnent pas l'appartenance des élus.

Le scrutin était uninominal dans les petites circonscriptions rurales et de liste dans les grandes villes. L'analyse est compliquée par le fait qu'un certain nombre d'élus figuraient en même temps sur plusieurs listes comme cela est fréquent en Iran.

De plus, près de la moitié des élus connus dimanche étaient, selon les médias, des «indépendants» n'ayant pas bénéficié de l'appui des principales coalitions conservatrices et dont l'allégeance politique demeurait incertaine. Enfin, plus de la moitié des élus étaient des nouveaux venus.

En dépit de ces incertitudes, les conservateurs critiques à l'égard du président Ahmadinejad semblaient l'emporter assez nettement.

Le «Front uni des conservateurs» avait dimanche remporté sensiblement plus de sièges que son principal rival, le «Front de la persistance», et était nettement en tête à Téhéran après dépouillement de la moitié des suffrages.

Une autre coalition conservatrice critique à l'égard de M. Ahmadinejad, le «Front de la résistance» dirigé par l'ancien patron des Gardiens de la révolution Mohsen Rezai, pourrait aussi réaliser un bon score en province.

Le président du Parlement sortant Ali Larijani, l'un des principaux adversaires de M. Ahmadinejad, a été réélu sans surprise, alors que plusieurs députés sortants connus pour leur soutien sans faille au gouvernement ont été battus en province. Parvin Ahmadinejad, la soeur du président qui se présentait pour la première fois, a été battue à Gharmsar (nord), sa ville d'origine.

À l'inverse toutefois, un grand nombre des 79 députés qui avaient réclamé en février la convocation du président devant le Majlis ont été battus, de même que la liste «Voix de la nation» qui réunissait à Téhéran quelques-uns de plus virulents détracteurs du président.

Dans ce contexte encore flou, la principale certitude est que le nouveau Majlis devrait être très largement renouvelé.

Selon l'agence officielle Irna, 100 députés sortants avaient déjà été battus dimanche. Si ce phénomène devait se confirmer pour la centaine de sièges encore à pourvoir, et en tenant compte du fait que 57 députés sortants ne se représentaient pas, le futur Majlis devrait être composé à plus de moitié par des nouvelles figures.

Les résultats complets définitifs devraient être connus lundi, selon les autorités.

Plus de trente millions d'Iraniens -- sur 48 millions d'électeurs -- selon les autorités ont participé à ces législatives, les premières élections générales depuis les troubles et la grave crise politique ayant suivi la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin 2009.

Le pouvoir s'est félicité de cette forte participation qu'il avait annoncée par avance, estimant qu'elle confortait le régime au moment où il est soumis à des menaces militaires d'Israël et à une pression économique croissante des Occidentaux en raison de son programme nucléaire controversé.