La presse iranienne conservatrice a salué samedi une participation «historique» des électeurs aux législatives de vendredi, estimée à quelque 64% par le ministre de l'Intérieur, alors que le dépouillement des votes était en cours et pourrait durer jusqu'à lundi.

Le vote «massif» de «30 millions d'Iraniens donne une grande gifle à la figure sale et détestable de l'Occident», a affirmé le quotidien gouvernemental Iran, dans une allusion aux pressions politiques, économiques et militaires des pays occidentaux et d'Israël contre le programme nucléaire controversé de Téhéran.

Le quotidien ultra-conservateur Kayhan a salué de son côté en «Une» la «présence historique du peuple au tournant le plus sensible de l'histoire» du pays.

Quelque 64% des 48 millions d'électeurs iraniens se sont rendus aux urnes vendredi, selon une première «estimation» officielle donnée samedi par le  ministre de l'Intérieur Mostapha Mohammad Najjar.

Le ministre, qui s'exprimait à la télévision, a «remercié le peuple iranien» pour cette forte participation qui a selon lui «déçu une nouvelle fois les espoirs des ennemis» du régime.

La participation aux législatives oscille traditionnellement entre 50% et 70% et elle avait été de 55,4% lors des dernières élections en 2008, selon les chiffres officiels.

Le pouvoir conservateur, à la recherche de légitimité populaire après la grave crise ayant suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, avait annoncé par avance une participation massive à ce scrutin malgré son boycottage par une large partie de l'opposition réformatrice.

Alors que les résultats complets ne devaient pas être connus avant lundi, les premiers résultats partiels tombés samedi ne permettaient pas de prédire le rapport de force entre les différentes factions conservatrices --notamment entre partisans et adversaires de M. Ahmadinejad-- assurées de continuer à dominer largement le futur Majlis.

Beaucoup des 135 députés déjà élus samedi après-midi, souvent issus de petites circonscriptions rurales, sont en effet des figures nouvelles se présentant comme des «indépendants» aux allégeances encore difficiles à cerner.

Le président du Parlement sortant Ali Larijani, l'un des principaux adversaires de M. Ahmadinejad, a été réélu sans surprise à Qom (centre).

Plusieurs députés sortants connus pour leur soutien sans faille au gouvernement ont été battus en province. Parvin Ahmadinejad, la soeur du président qui se présentait pour la première fois, a été battue à Gharmsar (nord), sa ville d'origine.

Mais les conservateurs opposés au président derrière M. Larijani ont également connu des revers, tels que la défaite d'un vétéran du Parlement, Ahmad Nategh Nouri, frère de l'ancien président du Majlis Ali Akbar Nategh Nouri.

Sans surprise, plusieurs figures du groupe parlementaire réformateur sortant ont été battues, même si le chef de ce groupe, Mohammad Reza Tabesh, est parvenu à se faire réélire.

Les principaux mouvements réformateurs, qui détenaient 60 des 290 sièges dans le Parlement sortant, avaient en effet décidé de boycotter le scrutin pour protester contre la répression dont ils ont été victimes depuis 2009.