Malgré la menace d'emprisonnement et de coups de fouet, la bataille pour que les femmes puissent passer derrière le volant se poursuit en Arabie saoudite.    

«Il y a un petit groupe qui continue de se battre. Elles sont peu nombreuses, à peine une dizaine, mais elles sont extrêmement braves», a expliqué hier Béatrice Vaugrante, présidente de la section canadienne francophone de l'organisation Amnistie internationale. Cette dernière participait sur l'heure du midi à une action en soutien aux Saoudiennes.

Rue Sainte-Catherine, tout près de la Place des Arts, une cinquantaine de personnes se sont fait photographier dans une voiture en tenant une affiche. «Je soutiens les femmes saoudiennes qui prennent le volant vers leur liberté», pouvait-on lire sur la petite pancarte.

Des photos de solidarité

Des clichés semblables sont croqués un peu partout dans le monde ces jours-ci. Dans quelques jours, les images de solidarité seront envoyées aux femmes qui persévèrent dans leurs demandes. «En recevant des milliers de photos, ça devrait leur donner un petit boost», sourit Mme Vaugrante.

La solidarité internationale est d'ailleurs déjà venue en aide aux Saoudiennes lorsque, l'an dernier, le même petit groupe a mis sur pied un coup médiatique. Le 17 juin 2011, elles ont incité les Saoudiennes à se filmer en train de conduire un véhicule dans les rues de leur pays. Deux des manifestantes, dont une qui avait accordé des entrevues aux médias étrangers, ont été arrêtées à la suite de cette action. L'une d'entre elles, Sheima Jastaniah, a été condamnée à recevoir 10 coups de fouet.

Sa sentence a fait l'objet d'une campagne internationale. Le roi Abdallah a finalement gracié la condamnée, sans pour autant changer la règle controversée qui n'est appliquée dans aucun autre pays musulman. Le souverain a cependant promis le droit de vote aux femmes aux prochaines élections municipales qui doivent avoir lieu en 2015, une véritable révolution dans le royaume.

Des personnes juridiques

Selon Béatrice Vaugrante, celles qui se battent pour le droit de prendre le volant aujourd'hui ont en tête des réformes beaucoup plus importantes. «À terme, elles voudraient que les femmes soient des personnes juridiques à part entière en Arabie saoudite», note la présidente d'Amnistie. Actuellement, lorsqu'elles veulent voyager, travailler, entreprendre des études supérieures ou se marier, les Saoudiennes doivent obtenir le consentement de leur tuteur, qui est en général leur père ou leur mari.

Amnistie a aussi profité de son action d'hier pour rappeler que l'Arabie saoudite a joué un rôle actif dans la répression armée de la rébellion à Bahreïn l'an dernier. «Ça fait des années que les actions de l'Arabie saoudite passent sous le radar», remarque Béatrice Vaugrante en soulignant la complaisance de la communauté internationale à l'égard du pays pétrolier.