Amnesty International a dénoncé mardi une «escalade» de la répression en Iran depuis un an, qui s'est encore aggravée à la veille des élections parlementaires prévues le 2 mars.

Le document de 71 pages publié par l'ONG détaille comment, après les appels à la contestation lancés par les opposants Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi en février 2011, les autorités iraniennes ont réprimé toute forme de mobilisation.

«Tout, créer un groupe sur internet, former ou rejoindre une ONG, exprimer votre opposition au statu quo peut vous conduire en prison» en Iran, a dénoncé Ann Harrison, directrice adjointe par intérim d'Amnesty pour le Moyen-Orient, citée dans le communiqué.

Selon Amnesty, une vague d'arrestations a eu lieu ces derniers mois dans le pays visant avocats, étudiants, journalistes, militants, membres de minorités ethniques et religieuses ou encore réalisateurs.

«Ce rapport effrayant souligne l'hypocrisie des tentatives du gouvernement iranien de montrer sa solidarité avec les protestataires en Egypte, à Bahreïn et dans les autres pays de la région» touchée par le Printemps arabe, a souligné Mme Harrison.

Les autorités iraniennes ont aussi renforcé leur contrôle d'internet, perçu comme une menace. Le web avait en effet joué un rôle important dans les manifestations populaires qui ont secoué le pays après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009.

En février, le blogueur Mehdi Khazali a été condamné à quatre ans et demi de prison, suivi de 10 ans d'«exil intérieur», pour «propagande contre le régime» et pour avoir agi «contre la sécurité nationale».

Le harcèlement des défenseurs des droits de l'Homme s'est également intensifié, selon Amnesty, qui évoque une dégradation globale de la situation des droits de l'Homme.

Par ailleurs, d'après l'ONG, il y a eu quatre fois plus d'exécutions publiques en 2011 qu'en 2010. Amnesty appelle de fait la communauté internationale à se mobiliser sur cette question, en ne concentrant pas tous ses efforts sur le programme nucléaire controversé de l'Iran.

L'Iran, qui enrichit de l'uranium à 20%, se rapproche de la technologie qui lui permettrait de fabriquer la bombe. Mais le pays réfute régulièrement tout projet en ce sens.

Ces dernières semaines, Israël a soufflé le chaud et le froid sur la possibilité de mener des bombardements dans le but de paralyser le programme nucléaire de Téhéran.