Israël a approuvé mercredi la légalisation et la construction de plusieurs centaines de logements pour des colons dans le nord de la Cisjordanie occupée, a-t-on appris auprès du ministère de la Défense et des autorités locales.

Selon l'association anti-colonisation Shalom Arshav (La Paix Maintenant), il s'agit du plan de construction le plus important à ce jour du gouvernement du Premier ministre Benyamin Nétanyahou en Cisjordanie.

La décision a été prise mercredi par le conseil supérieur de la planification de l'Administration militaire chargée des affaires civiles dans les Territoires palestiniens (COGAT), selon un porte-parole de cette administration qui dépend du ministère de la Défense.

Le porte-parole a ajouté que la première étape de ce projet avait été approuvée il y a six mois par le ministère de la Défense.

Selon le chef du conseil local des colons, Avi Roeh, les autorités ont de facto légalisé l'implantation sauvage de Shvout Rachel (400 habitants), près de la colonie de Shilo, entre les villes palestiniennes de Ramallah et Naplouse, en y autorisant un plan de construction de 500 logements.

«Enfin les habitants (de Shvout Rachel) ne seront plus considérés comme des hors-la-loi», s'est félicité M. Roeh.

Le conseil supérieur de la planification de COGAT a également légalisé rétroactivement une centaine d'habitations déjà existantes à Shvout Rachel et 95 autres bâties sans permis, dans la colonie voisine de Shilo (2.000 habitants), a-t-il précisé.

Le porte-parole de COGAT a confirmé que des logements édifiés sans autorisation allaient être légalisés «pour des raisons humanitaires», mais sans en préciser le nombre.

La communauté internationale considère comme illégales toutes les colonies érigées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est depuis 1967, qu'elle aient été approuvées ou non par le gouvernements israélien.

Condamnation de l'ONU

Le secrétaire général de La Paix Maintenant, Yariv Oppenheimer, a accusé le gouvernement Netanyahu de «tout faire pour empêcher la création de deux Etats pour deux peuples et de s'acheminer vers un Etat binational».

Cette annonce concernant la colonisation -- la première majeure depuis fin décembre-- survient au moment où le processus de paix est dans l'impasse la plus totale après l'échec de «réunions exploratoires» entre Israéliens et Palestiniens en Jordanie le mois dernier.

L'Autorité palestinienne a condamné «fermement» la décision des autorités israéliennes.

«Elle confirme une fois de plus, au delà du moindre doute, que le gouvernement d'Israël a choisi la colonisation de préférence à la paix», a répété le négociateur palestinien Saëb Erakat.

«Ce gouvernement est totalement responsable de l'échec des efforts de paix dans la région. Ces décisions (israéliennes) visent avant tout à détruire la solution à deux Etats», un palestinien et un israélien, a-t-il déclaré à l'AFP.

M. Erakat a également déploré que certains des membres du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Union européenne et Russie) «couvrent la colonisation israélienne et la poursuite de l'occupation des Territoires palestiniens».

«Il est temps que ces pays accroissent les pressions sur Israël et cessent de le traiter comme un pays au-dessus des lois», a plaidé M. Erakat.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, récemment en visite au Proche-Orient, a appelé Israël à renoncer à tout nouveau projet de colonisation pour permettre la relance des négociations avec les dirigeants palestiniens.

Dans un communiqué, le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, a qualifié l'annonce israélienne de «déplorable».