Le prisonnier palestinien Khader Adnane a mis fin à 66 jours d'une grève de la faim observée pour protester contre sa détention sans inculpation en Israël, ont annoncé mardi des responsables palestiniens et israéliens, précisant qu'il sera libéré en avril.

«La justice israélienne a décidé de relâcher Khader Adnane le 17 avril et compte tenu de cela, il a mis fin à sa grève de la faim», a précisé le ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqaë, alors que la Cour suprême d'Israël, qui devait examiner à 15h locales (8h, heure de Montréal) un appel du prisonnier, a annulé son audience.

Le ministère israélien de la Justice a également confirmé la décision sur le cas de Khader Adnane, âgé de 33 ans et engagé dans la plus longue grève de la faim de l'histoire du conflit israélo-palestinien.

«S'il n'y a pas de preuves contre lui, il sera libéré le 17 avril», a pour sa part déclaré Ofir Gendelman, porte-parole du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

L'avocat de M. Adnane, Jawad Boulos, a confirmé à l'AFP que «sa détention administrative ne serait pas prolongée» et qu'«il serait relâché le 17 avril».

Sa jeune épouse, Randa Moussa, a salué une «victoire» pour son mari, dont les médecins avaient affirmé qu'il avait perdu plus de 40% de son poids et qu'il était «en danger immédiat de mort» s'il poursuivait sa grève de la faim.

«Nous avons obligé les occupants (Israël, NDLR) à céder à ses demandes et j'espère qu'il retournera sain et sauf chez nous», a-t-elle dit à l'AFP.

Le prisonnier est actuellement hospitalisé -enchaîné à son lit- dans un établissement de Safed (nord d'Israël). Il a pu recevoir ces derniers jours la visite de sa famille et de députés arabes israéliens.

Israël était sous pression de la communauté internationale pour faire «un geste humanitaire» en faveur de Khader Adnane, en grève de la faim depuis le 18 décembre pour dénoncer la détention administrative -c'est-à-dire sans inculpation- des Palestiniens.

Selon la loi israélienne, héritée du mandat britannique, un suspect peut être retenu jusqu'à six mois sans inculpation en détention administrative, renouvelable indéfiniment, par les autorités militaires.

M. Adnane, boulanger de métier, a été arrêté le 17 décembre dernier par l'armée israélienne près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où il a été porte-parole du Jihad islamique.

Il affirme qu'Israël n'a aucune preuve contre lui et accuse ses interrogateurs de l'avoir maltraité.

L'ONU et l'Union européenne avaient fait part de leurs «inquiétudes» quant à son état de santé, des associations de défense des droits de l'homme, dont Amnistie Internationale, Human Rights Watch et l'Association pour les droits civiques en Israël, appelant les autorités israéliennes à le juger ou à le relâcher.

Lundi, un porte-parole du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait qualifié Khader Adnane de «terroriste dangereux», en dépit du fait qu'il n'avait pas été inculpé.

Des responsables palestiniens ont averti que la mort de Khader Adnane provoquerait des manifestations de masse en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Les détenus palestiniens en Israël avaient décidé d'observer mardi une grève de la faim de 24 heures en solidarité avec Khader Adnane, selon l'association des prisonniers palestiniens. Des marches et des manifestations, certaines émaillées d'incident, étaient organisées dans les Territoires.

Un haut responsable palestinien, Saëb Erakat, avait exhorté lundi la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que l'État hébreu libère M. Adnane: «Je leur ai demandé d'intervenir» au sujet de M. Adnane. «Ils doivent faire pression sur Israël pour le libérer».

Un total de 309 Palestiniens sont actuellement en détention administrative, selon l'association de défense des droits de l'homme israélienne B'Tselem.