En Israël, les enfants apprennent à l'école comment réagir en cas de raid. Les abris antiaériens font partie du paysage. Au moment où le ton monte entre Israël et l'Iran, un officier de haut rang de l'armée a fait une mise en garde contre des roquettes pouvant atteindre Tel-Aviv. La Presse s'est rendue dans la métropole.

Des bancs de bois meublent la longue salle aux murs blancs. Un lavabo se trouve sur le mur du fond, face aux petites pièces qui renferment les toilettes. Un système de climatisation permet de garder l'endroit au frais.

Mis à part la présence d'un imposant système de ventilation, le local de 120 m2 pourrait ressembler à n'importe quel autre. Sauf qu'il s'agit d'un abri antiaérien. Sous un parc, au beau milieu de Tel-Aviv.

«Maintenant, c'est obligatoire de construire des abris antiaériens dans les nouveaux bâtiments, mais il n'y en a pas nécessairement dans les vieux bâtiments, explique Doron Amano, l'un des responsables des quelque 240 abris publics de Tel-Aviv-Jaffa. La plupart des abris publics sont situés dans des parcs, près des vieux bâtiments.»

200 000 roquettes et missiles

Quand ils en reçoivent l'ordre, les employés de la Ville décadenassent les abris et y apportent lits et nourriture. Celui visité, de taille standard, peut accueillir jusqu'à 120 personnes durant quatre mois consécutifs.

Les abris font partie du paysage israélien depuis des décennies. Mais comme le ton monte entre l'Iran et Israël, plusieurs ont soulevé les risques de riposte contre des villes israéliennes si les installations nucléaires iraniennes étaient attaquées.

Au début du mois, le chef des services israéliens de renseignements militaires, le général Aviv Kochavi, a averti qu'Israël était menacé par «quelque 200 000 roquettes et missiles» qui, lancés «à partir du Liban, de la Syrie et évidemment de l'Iran, peuvent frapper au coeur [des] villes, et toute la région de Tel-Aviv est dans leur rayon d'action».

Si certains ont critiqué le ton alarmiste du militaire, le conseiller municipal à la tête du comité de sécurité de Tel-Aviv-Jaffa est d'accord avec la nécessité de se préparer.

«Nous ne savons pas si nous serons attaqués par l'Iran, la Syrie ou le Liban, ni quand, mais nous devons toujours être prêts à faire face à des situations d'urgence», souligne le général à la retraite Moshe Tiomkin. Sur une grande affiche distribuée par la municipalité, il montre les instructions données aux citoyens pour les situations d'urgence, notamment sur les produits de base à avoir à la maison.

Mais malgré les discours des responsables de sécurité, les Israéliens ne semblent pas avoir commencé à empiler les boîtes de conserve dans leur garde-manger. Pour plusieurs, la possibilité d'une attaque contre l'Iran sonne comme un refrain maintes fois entendu.

«Je ne sais même pas si j'ai un abri antiaérien à la maison ni où il se trouve, dit en riant Alona, graphiste de 34 ans. Je n'ai pas de masque à gaz et je crois que je n'ai qu'une boîte de cornichons pour toute conserve. Je ne connais personne qui se prépare pour le moment. Peut-être que quand la menace sera plus réelle, je vais commencer à y penser.»

La jeune femme croit à la possibilité d'une attaque prochaine, mais souligne que «chaque année, il y a une menace du genre».

Livnat, une Israélienne de 30 ans qui travaille dans une école de Tel-Aviv, dit pour sa part lire beaucoup sur le sujet. «J'essaie surtout de me préparer mentalement, en lisant sur les procédures, dit-elle. Les gens ne croient pas que ça pourrait arriver bientôt, mais moi, j'y crois.»