L'OTAN a annoncé vendredi le lancement d'un plan d'action pour mieux lutter contre les infiltrations de talibans au sein de l'armée afghane, après la mort de quatre soldats français tués par un Afghan qu'ils étaient en train de former.

«Nous allons demander aux autorités militaires de mettre au point un plan de contre-infiltration et de le faire rapidement, d'ici à la fin février», a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense des 28 pays de l'OTAN à Bruxelles.

Il a précisé que cette initiative avait été prise à la demande du ministre français de la Défense, Gérard Longuet, après le décès des quatre soldats le 20 janvier dernier.

M. Rasmussen a affirmé que de «nombreuses mesures» avaient déjà été prises ces dernières années pour limiter le risque de telles attaques, qui représentent environ 6% des pertes de la coalition internationale, selon un rapport confidentiel de l'OTAN.

Ces faits restent «minoritaires», avec une quarantaine de cas en quatre ans, dont 18 en 2011, a indiqué M. Longuet. «Quantitativement, c'est marginal, mais, médiatiquement, c'est insupportable», en particulier pour «la crédibilité de l'armée afghane», selon lui.

L'OTAN n'a pas donné de détails sur ce plan anti-infiltration, mais il devrait être axé sur un contrôle accru au moment du recrutement des soldats engagés par l'armée afghane.

Il devrait ainsi utiliser des moyens techniques sophistiqués, comme la biométrie, mais aussi des enquêtes de personnalité plus fouillées.

«L'Afghanistan est un pays assez traditionnel (...) où les combattants ont leurs racines, leurs réseaux. On arrive assez bien à avoir des «certificats de moralité» de la part des responsables locaux», a expliqué M. Longuet.

Le 20 janvier, un militaire afghan de 21 ans avait ouvert le feu sur un groupe de militaires français qui faisaient un jogging dans la base de Gwan, au nord-est de Kaboul, sans armes ni protections. Quatre d'entre eux avaient été tués et 15 blessés.

Selon M. Longuet, l'armée afghane aurait dû savoir que cet homme avait déserté il y a quelques années avant de passer au Pakistan, base arrière des rebelles, puis de s'engager à nouveau dans l'armée. Il était depuis environ deux mois dans l'unité de Gwan.

L'enquête en cours devra déterminer s'il s'agit d'un taliban infiltré ou d'un homme ayant agi seul. «Mon sentiment est qu'il ne s'agit pas d'une démarche isolée», a dit le ministre français.

Cette attaque a contribué à relancer le débat sur la taille de l'armée afghane, qui enrôle beaucoup afin d'atteindre 350 000 hommes, l'objectif fixé en 2010.

Mais certains pays membres de l'OTAN plaident pour des effectifs plus modestes, autour de 230 000 hommes, ce qui permettrait aussi de réduire les coûts liés à la sécurité après le départ des troupes de l'Alliance atlantique à la fin 2014.

Une décision devrait être prise au sommet de l'OTAN de Chicago en mai.