Le nombre de soldats occidentaux tués en Afghanistan a baissé en 2011, pour la première fois depuis huit ans, mais il reste à un niveau important avec plus de 560 morts, en cette année où l'OTAN a commencé à retirer de premières troupes du pays.

Hormis une légère diminution en 2003 par rapport à 2002, le nombre de victimes de la coalition était jusque-là toujours allé crescendo depuis son arrivée dans le pays pour chasser les talibans du pouvoir à la fin de 2001.

Les pertes s'étaient même envolées à partir de 2008, avec quelque 200 morts en plus chaque année, dans une période où l'armée américaine, qui fournit plus de deux tiers des troupes de l'OTAN, avait envoyé 33 000 hommes en renfort et multiplié les offensives pour tenter de déloger les rebelles talibans de leurs bastions.

L'exercice 2010 s'était ainsi clos sur un nouveau pic alarmant de 711 morts. Mais il a baissé en cette année 2011 où la coalition de l'OTAN (Isaf) a commencé à retirer du pays de premiers contingents, avec l'objectif d'un retrait total de ses troupes de combats d'ici à la fin de 2014.

Au soir du 31 décembre 2011, 566 membres de l'Isaf - après un nouveau décès annoncé samedi soir par l'Isaf -, dont 417 Américains, 45 Britanniques et 26 Français ont perdu la vie dans l'année, selon un bilan établi par l'AFP à partir du site internet indépendant icasualties.org.

Le bilan est particulièrement amer pour les troupes françaises, qui ont enregistré en un an un tiers du total de leurs pertes depuis fin 2001 (78 morts).

Au total, 2847 soldats étrangers sont décédés en Afghanistan depuis le début du conflit afghan.

L'Isaf voit dans la baisse de cette année le résultat de ses «succès sur le champ de bataille» qui ont réduit les capacités d'attaque des rebelles selon son porte-parole, le général Carsten Jacobson.

La diminution des pertes alliées peut également s'expliquer par un changement de stratégie, l'OTAN poussant également davantage en première ligne les forces afghanes, censées prendre le relais des Occidentaux après 2014.

«Nous basculons progressivement des missions de contrôle de zone vers des missions d'appui et de soutien des forces afghanes. Ce qui a pour conséquence de réorganiser nos forces et de réduire notre vulnérabilité. Nous n'irons plus dans les fonds de vallée», remarquait le 5 octobre l'amiral Édouard Guillaud, le chef d'état-major des armées françaises.

Reste à se prémunir contre les attaques à l'explosif (mines ou bombes artisanales), de plus en plus fréquentes (+7% entre janvier et novembre 2011 par rapport à la même période en 2010 selon l'Isaf).

Premières victimes du conflit, les civils sont de plus en plus touchés (+15% de victimes de violences lors des six premiers mois de l'année selon l'ONU, qui juge les rebelles responsables de 80% de ces pertes).

Un rapport annuel sur le sujet sera rendu en janvier. Mi-décembre, l'ONU annonçait déjà que ce genre d'événements avait augmenté de 21% en 2011. L'OTAN assure, elle, que les attaques ennemies ont baissé de 8%.

«Les talibans visent délibérément les civils pour répandre la peur», estime Haroun Mir, un analyste du Centre afghan de recherche et d'études politiques.

M. Mir prévoit d'ailleurs «davantage d'attaques terroristes et d'assassinats politiques» d'ici à 2014 comme après, «pour affaiblir le gouvernement».

D'ici là, quelque 300 000 membres des forces de sécurité afghanes (FNSA) auront en théorie pris le relais de l'Isaf.

Depuis mars, 520 soldats afghans ont péri, contre 810 sur toute l'année 2010, d'après les FNSA, pour 1400 policiers et 4275 insurgés tués, selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur.

«Plus l'armée afghane est impliquée, plus la population nous soutient. Nous espérons que quand les troupes étrangères lui transmettront le pouvoir, moins de gens se radicaliseront», estime Carsten Jacobson.

Nombre d'experts doutent de la capacité de ces forces afghanes à résister à la rébellion ou à éviter une guerre civile en cas de retrait occidental total à la fin 2014.

Conscients du problème, un nombre croissant de responsables occidentaux estiment qu'il faudra inévitablement conclure un accord de paix avec les talibans pour mettre fin au conflit.