Le premier ministre libanais, Najib Mikati, a annoncé mercredi avoir versé la contribution du Liban au financement du tribunal de l'ONU chargé de juger les assassins de l'ex-dirigeant Rafic Hariri, une question qui avait menacé de provoquer la chute de son gouvernement.

Le puissant mouvement armé du Hezbollah, qui domine le gouvernement avec ses alliés, avait à maintes reprises réclamé la fin de la coopération du pays avec le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) et refusé que Beyrouth verse sa contribution à cette instance créée par l'ONU.

«Ce matin, j'ai transféré la part du Liban dans le financement du TSL», a déclaré devant les journalistes M. Mikati dans une annonce-surprise après le report d'une réunion du Conseil des ministres consacrée à cette question.

«Il s'agit d'une décision nationale qui protège le Liban des répercussions des événements» dans la région, a-t-il dit.» Cette décision témoigne du respect par le Liban de ses engagements internationaux et du principe de la justice. Il ne s'agit pas d'une victoire d'une partie sur une autre».

Il n'était pas clair dans l'immédiat si la décision de transférer les fonds avait été prise de concert avec les autres membres du gouvernement.

Mais selon un responsable gouvernemental, les 32 millions de dollars dus au TSL ont été retirés d'un organisme rattaché au bureau du premier ministre, le «Comité de secours», chargé des aides en cas d'urgence.

Le recours aux fonds du «Comité des secours» semble être une façon de permettre au Hezbollah et à ses alliés de sauver la face, une telle décision ne requérant pas un vote au cabinet.

«Il s'agit d'une victoire claire et foudroyante du courant qui n'avait jamais cessé de soutenir la mise en place de ce tribunal», a cependant estimé Farès Soueid, secrétaire général du mouvement de l'ancien premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic, dont le Hezbollah a provoqué la chute en janvier après des mois de bras de fer sur la question du TSL.

«Le gouvernement qui a été formé par le Hezbollah et la Syrie revient à la case départ et reconnaît lui-même le tribunal international», a-t-il insisté.

À La Haye, le porte-parole du TSL, Marten Youssef, s'est félicité de la décision libanaise: «Nous sommes très encouragés par l'annonce du premier ministre et nous attendons impatiemment de recevoir l'argent. Il faut plusieurs jours pour qu'il soit déposé dans le compte bancaire».

Le 24 novembre, M. Mikati avait menacé de démissionner si son gouvernement refusait de financer le TSL, alors que la pression internationale s'était accentuée pour que Beyrouth honore ses engagements financiers vis-à-vis du tribunal.

Le TSL, chargé d'identifier et de juger les responsables de l'attentat à la bombe qui a tué Rafic Hariri et 22 autres personnes le 14 février 2005, a inculpé quatre membres du Hezbollah.

Le mouvement islamiste chiite, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, affirme qu'il ne remettra jamais les quatre accusés et accuse le TSL d'être un complot israélo-américain visant à le détruire.

Mercredi, le premier ministre a jugé nécessaire que «le TSL continue son travail», tout en soulignant qu'il était important que le tribunal soit «juste et impartial, loin de toute politisation».

La part du Liban, régulièrement acquittée par les gouvernements précédents, s'élève pour 2011 à 32 millions de dollars, soit 49% du budget du TSL. Le gouvernement avait jusqu'à fin octobre pour effectuer les versements.