Le Premier ministre de droite israélien Benyamin Nétanyahou a décidé de suspendre la ratification par le Parlement de la législation visant des ONG marquées à gauche à la suite du tollé provoqué à l'étranger, rapportent dimanche les médias locaux.

M. Nétanyahou, qui avait pourtant voté au sein du cabinet en faveur de deux propositions de loi controversées ciblant le financement d'ONG israéliennes anti-colonisation, a décidé de repousser sine die la suite des discussions techniques sur leur formulation, rapporte le journal Haaretz.

Un responsable gouvernemental a confirmé cette information, sous couvert de l'anonymat, mais sans l'imputer à une décision du premier ministre.

«Le processus législatif est gelé en attendant une discussion du cabinet en séance plénière, qui n'a pas été encore programmée», a-t-il précisé.

Les propositions de loi adoptées la semaine dernière par une commission gouvernementale prévoient de limiter le financement d'ONG par des États ou des institutions internationales qui cherchent «à influencer la politique diplomatique et sécuritaire d'Israël» et de les taxer de façon draconienne.

Si elles entraient en vigueur, après un vote au Parlement, ces lois permettraient de limiter les activités d'ONG marquées à gauche, qui reçoivent notamment des subventions de l'Union européenne.

En revanche, elles ne porteraient pas atteinte à des ONG qui financent la colonisation grâce à l'appui d'organismes privés juifs ou fondamentalistes chrétiens, en particulier américains.

Cette offensive législative, provenant de l'aile la plus à droite de la coalition au pouvoir, a fait fi des protestations de la communauté internationale et, en Israël même, d'associations de défense des droits de l'homme, de juristes et de nombre de députés, y compris de droite.

Selon les médias israéliens, les États-Unis et l'Union européenne, le principal bailleur de fonds des ONG visées, sont intervenus expressément auprès du gouvernement Nétanyahou pour faire stopper ces mesures.

L'ambassadeur des Pays-Bas, Caspar Veldkamp, a mis en garde dimanche contre leurs retombées négatives sur l'image d'Israël à l'étranger.

«Elles risquent de faire le jeu des critiques d'Israël et d affaiblir l'argumentation de ceux qui à l'instar du gouvernement hollandais mettent en avant le caractère pleinement démocratique d'Israël, qu'il s'agit d'un État de droit où règne la liberté de parole», a-t-il averti à la radio militaire.

Des centaines de journalistes, dont des présentateurs vedettes de la radio télévision, ont dénoncé dimanche les menaces sur la liberté de la presse, lors d'un rassemblement à Tel-Aviv.

Cette manifestation, sans précédent en Israël, visait la campagne législative tous azimuts du camp ultranationaliste, ciblant les médias jugés trop critiques envers le pouvoir, la Cour suprême et des ONG classées à gauche.

«Nous sommes confrontés à une ivresse d'un pouvoir qui ne connaît plus ses limites», a déclaré à la tribune le principal présentateur de nouvelles à la radio militaire, Razi Barkaï.