Les musulmans à travers le monde ont célébré dimanche le premier jour de l'Aïd al-Adha, la plus importante fête de l'islam marquée cette année par des bouleversements dans le monde arabe avec la Syrie et le Yémen toujours en proie à des troubles sanglants.

Il s'agit en effet de la première fête du Sacrifice depuis le début du Printemps arabe, qui a renversé les régimes autocratiques en Tunisie, en Égypte et en Libye et continue de secouer les régimes en Syrie et au Yémen.

Elle commémore la fidélité du prophète Ibrahim, prêt selon la tradition à sacrifier son fils Ismaïl avant qu'un ange ne lui propose un mouton à la place.

Dans la vallée de Mina près de la ville sainte de La Mecque en Arabie saoudite, les pèlerins -près de trois millions cette année- ont entamé le rituel de la lapidation de Satan, en jetant des cailloux sur la plus haute de trois stèles représentant le diable, appelé Iblis par les musulmans.

Cet exercice à haut risque, marqué ces dernières années par plusieurs bousculades qui ont fait des centaines de morts, se déroulait sans incident majeur, le site ayant été aménagé pour favoriser la fluidité du mouvement.

Malgré les prières, la fête a été marquée par de nouvelles violences à travers le monde arabe et musulman.

En Syrie, autour des mosquées de nombreuses villes, la prière de l'Aïd al-Adha a été suivie par des défilés massifs appelant au départ du président Bachar al-Assad, selon des militants qui ont fait état de 10 civils tués par les forces de l'ordre malgré l'engagement du régime à cesser la répression.

Au Yémen, où le président Ali Abdallah Saleh contesté dans la rue depuis 10 mois, les violences meurtrières continuent entre ses partisans et ses opposants et entre ses forces et les membres du réseau Al-Qaïda bien implantés dans le sud du pays.

Néanmoins lors du pèlerinage à La Mecque, le mufti d'Arabie saoudite, Cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, a invité les pèlerins à se rassembler autour de leurs dirigeants en cette période de bouleversements.

«Le monde musulman traverse l'une des périodes les plus dangereuses de son histoire. (Les dirigeants) doivent établir la justice, combattre la corruption et faire du bien-être de leur peuple une priorité. Les sujets doivent se rassembler autour de leurs commandants et s'efforcer de résoudre leurs problèmes pacifiquement», a-t-il insisté samedi.

Après huit mois d'un conflit dévastateur en Libye qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi tué après sa capture le 20 octobre, les habitants ont eu du mal à célébrer la fête en raison de la hausse vertigineuse des prix, alors que les prières ont été consacrées à un hommage aux «martyrs» et à des appels à l'unité.

À Gaza, le chef du gouvernement du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, a salué «l'Aïd de la liberté» pour le monde arabe. «Les peuples ont reconstruit la gloire de leur civilisation après des années d'emprisonnement politique, de vide et de dépendance».

Il a aussi salué «l'Aïd de la victoire» après l'échange de prisonniers qui doit permettre à terme la libération de 1.027 prisonniers palestiniens en Israël en échange du soldat israélien Gilad Shalit, relâché après cinq ans de détention à Gaza.

À Bagdad, quatre bombes ont explosé sur le marché de Chorja, le plus important d'Irak, faisant un mort et 15 blessés en dépit d'un important dispositif de sécurité autour des mosquées et des lieux publics.

En Afrique, les habitants de Damaturu dans le nord-est du Nigéria, ont célébré l'Aïd dans la peur et les larmes après les attaques revendiquées par des islamistes radicaux qui ont fait au moins 150 morts.

En Afghanistan, un kamikaze a tué au moins huit personnes qui rentraient après la prière de l'Aïd dans une mosquée de Baghlan, dans le nord du pays.

En Indonésie, le pays qui compte le plus de musulmans au monde, la fête a été marquée par des prières qui ont duré toute la nuit, par le sacrifice rituel de moutons et de vaches, puis par les traditionnels repas de famille.

À Paris, plusieurs milliers de personnes ont assisté à la prière de l'Aïd dans un nouveau lieu de culte aménagé dans une ancienne caserne pour mettre fin à la prière dans les rues, désormais interdites par les autorités.

En revanche, l'Aïd al-Adha ne devait commencer que lundi dans d'autres pays musulmans comme l'Iran, le Pakistan ou le Bangladesh, où les villes ont vu l'exode de dizaines de millions de personnes à l'occasion des cinq jours fériés décrétés pour la fête.