Près de trois millions de pèlerins ont commencé dimanche le rituel de lapidation de Satan dans la vallée de Mina près de La Mecque, au premier jour de l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice célébrée par les musulmans dans le monde.

«Plus de 90% des pèlerins ont déjà accompli en sécurité ce rituel», a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mansour al-Turki.

«L'état sanitaire des pèlerins est rassurant et aucun cas d'épidémie n'a été enregistré» à ce jour, selon le ministère de la Santé.

Armés de cailloux, les fidèles se pressaient pour lapider la plus haute des trois stèles représentant Satan, appelé Iblis par les musulmans.

«Ce rituel me donne une force morale. En ce moment, je sens avoir vaincu Satan», a déclaré Mokhtar Khan, 29 ans, un fidèle du Bangladesh, arrivé sur le site avec des dizaines de ses compatriotes aux cris d'Allah Akbar (Dieu est grand).

«Je me sentirai mieux une fois que j'aurai lapidé Satan, mon premier ennemi», a lancé Mohamed Husseïnein, un Égyptien de 35 ans, avant d'accomplir le rituel.

Selon la tradition, il faut jeter sept pierres le premier jour sur la grande stèle, un pilier de 30 mètres de haut, et sept sur chacune des trois stèles le lendemain et le surlendemain.

La lapidation de Satan, un exercice à haut risque, a été marquée ces dernières années par de terribles bousculades mortelles avant que les autorités saoudiennes n'aménagent le site pour assurer un mouvement fluide.

En janvier 2006, 364 pèlerins sont morts piétinés lors d'un mouvement de panique, et 251 deux ans auparavant. En juillet 1990, 1426 pèlerins avaient péri, la plupart étouffés lors d'un mouvement de panique dans un tunnel.

Les fidèles accèdent désormais au site de la lapidation par un pont de plusieurs niveaux et leur flux est contrôlé par les forces de l'ordre, déployées en masse.

Le site «a été développé, le mouvement est plus fluide et l'organisation est meilleure», a noté Mokhtar Khan, un habitué des lieux depuis huit ans en sa qualité de membre d'un comité d'organisation du hajj.

Pour prévenir les bousculades, les fidèles des différents pays sont canalisés par contingents successifs sous l'oeil vigilant des forces de sécurité et de la défense civile, dont la mission est aidée par plusieurs caméras de surveillance installées sur le site et aux alentours.

Samedi, les fidèles avaient passé la journée dans la prière et le recueillement sur le mont Arafat, près de La Mecque, moment fort du pèlerinage annuel.

Au total, 2 927 717 fidèles participent au hajj de cette année, dont 1 828 195 musulmans venus de l'étranger, les autres étant des Saoudiens et des résidents étrangers du royaume, selon l'office saoudien des Statistiques.

Chaque pèlerin devait aussi faire le sacrifice d'une tête de bétail pour marquer l'Aïd al-Adha, en souvenir du prophète Ibrahim, qui selon la tradition était prêt à sacrifier son fils Ismaïl avant que l'ange Gabriel ne lui propose un mouton à la place.

Généralement, le pèlerin peut se contenter d'acheter un bon et les services saoudiens du hajj immolent les bêtes avant de frigorifier la viande qui sera envoyée sous forme d'aide aux musulmans nécessiteux dans de nombreux pays.

Après ce rituel, les fidèles doivent se rendre à La Mecque pour tourner autour de la Kaaba, construction cubique au centre de la Grande mosquée.

Ils se livrent ensuite à la déambulation entre Safa et Marwa sur les pas de Hajar, épouse du prophète Ibrahim, qui selon la tradition a couru entre ces deux lieux pour chercher de l'eau pour son fils Ismaïl, jusqu'à ce que la source de Zamzam jaillisse à ses pieds.

Le hajj, le plus grand pèlerinage annuel au monde, est l'un des cinq piliers de l'islam que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens.