Le président israélien Shimon Peres a averti samedi qu'une attaque était «de plus en plus vraisemblable» contre l'Iran, peu avant la publication par l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) d'un rapport sur le programme nucléaire de Téhéran.

«Les services de renseignements des divers pays qui surveillent (l'Iran) s'inquiètent et pressent leurs dirigeants d'avertir que l'Iran est prêt à obtenir l'arme atomique», a affirmé M. Peres à la seconde chaîne privée de la télévision israélienne.

«Il faut se tourner vers ces pays pour qu'ils remplissent leurs engagements (...) Ce qui doit être fait, et il y a une longue liste d'options», a-t-il encore dit.

M. Peres a tenu ces propos alors que l'AIEA doit publier le 8 novembre un rapport sur le programme nucléaire de l'Iran, que les experts israéliens jugent «alarmant».

Le chef de la diplomatie israélienne Avigdor Lieberman a estimé que ce rapport prouvera «au-delà de tout doute» les objectifs militaires du programme nucléaire iranien. Il a émis l'espoir que l'Iran serait frappé d'une nouvelle série de sanctions internationales.

Selon le quotidien israélien Haaretz, le rapport de l'AIEA aura «une influence décisive» sur le gouvernement israélien.

L'hypothèse d'une frappe préventive d'Israël contre les installations nucléaires de l'Iran a repris corps ces derniers jours, à la faveur de fuites organisées vers les médias d'un débat qui divise les membres du cabinet de M. Benjamin Netanyahu.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a démenti lundi des informations selon lesquelles il aurait d'ores et déjà décidé avec M. Netanyahu d'attaquer l'Iran. Mais, il a ensuite ajouté qu'«il peut se créer des situations au Moyen-Orient dans lesquelles Israël devra défendre ses intérêts vitaux de façon indépendante, sans avoir à s'appuyer sur d'autres forces régionales ou autres».

Selon Haaretz, la majorité des 15 membres du cabinet israélien de sécurité est pour l'heure opposée à une attaque contre l'Iran. Seule cette instance peut arrêter une décision aussi grave.

Beaucoup de responsables israéliens soulignent qu'Israël n'est pas en mesure de lancer une telle opération sans la coordonner préalablement avec les États-Unis et sans le feu vert de ces derniers.

L'opinion israélienne est divisée pratiquement à égalité entre partisans (41%) et opposants (39%) d'une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, selon un sondage.

Israël est considéré comme une puissance atomique dans la région mais n'a jamais confirmé ou démenti disposer du feu nucléaire. Selon des sources étrangères, il disposerait d'un arsenal de 200 ogives nucléaires et des vecteurs adéquats pour les larguer.

Toujours est-il qu'Israël a procédé jeudi à un vaste exercice de défense passive simulant une attaque de missiles conventionnels et non-conventionnels dans la région de Tel Aviv, et a tiré mercredi avec succès un missile balistique doté d'un nouveau système de propulsion.

Les médias israéliens ont également fait état d'un exercice mené ces derniers jours par 14 avions israéliens en Sardaigne (Italie) en coopération avec l'aviation italienne pour s'entraîner à des missions «à longue distance» nécessitant notamment des ravitaillements en vol.

L'Iran a menacé de «punir» Israël en cas d'attaque contre ses installations nucléaires.

«Les États-Unis savent que toute attaque du régime sioniste contre l'Iran produira de sérieux dommages non seulement contre ce régime mais aussi contre les États-Unis», a averti le chef d'état-major iranien, le général Hassan Firouzabadi, cité mercredi par l'agence de presse Fars.

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a affirmé jeudi en Libye que l'Iran était «préparé au pire», en mettant en garde les États-Unis contre le fait «d'aller vers l'affrontement» avec Téhéran.