Les négociations avec les insurgés talibans doivent désormais se dérouler au Pakistan, où ils ont leurs bases, et non plus en Afghanistan avec «des groupes ou individus sans adresse précise», a déclaré le président afghan, dans une interview qui doit être diffusée samedi.

«Il est impossible que nous ayons des pourparlers avec des groupes ou individus qui n'ont pas d'adresse spécifique», a déclaré le président Hamid Karzaï dans une interview à la chaîne de télévision pakistanaise Geo TV, selon des propos rapportés dans un communiqué de la présidence afghane.

«Nous savons aussi que leur base-sanctuaire est au Pakistan et qu'ils y reçoivent un soutien financier, c'est pourquoi nous insistons clairement pour parler à nos frères au Pakistan, plutôt qu'à un taleb (taliban) anonyme et sans adresse», a-t-il expliqué, faisant allusion aux insurgés islamistes.

Les efforts menés depuis plus d'un an par M. Karzaï pour amorcer des négociations avec les insurgés ont été suspendus après l'assassinat le 20 septembre du principal négociateur, l'ex-président Burhanuddin Rabbani, par un kamikaze qui s'est présenté à lui comme un émissaire porteur d'un message des talibans.

Début octobre, M. Karzaï avait exprimé le souhait de discuter de la paix désormais directement avec le Pakistan, car «nous devons discuter avec ceux ayant autorité» sur les insurgés.

Dans son interview à Geo TV, M. Karzaï a également répété que l'Afghanistan avait posé des conditions préalables à la signature d'un éventuel partenariat stratégique avec les États-Unis, réclamant notamment une limitation des actions des forces américaines dans le pays.

Kaboul et Washington négocient un futur partenariat stratégique pour l'après 2014, année à l'issue de laquelle l'ensemble des troupes de combat étrangères, qui soutiennent M. Karzaï depuis 2001 dans sa lutte contre les talibans, doivent avoir quitté le pays.

«Nous voulons qu'après la signature de l'accord cessent les raids nocturnes, nous ne voulons plus que des Américains entrent dans des maisons afghanes, il ne devra plus y avoir de prisons étrangères, les arrestations et détentions d'Afghans doivent s'arrêter», a-t-il notamment affirmé, selon la présidence afghane.

Les raids nocturnes de la coalition contre des maisons afghanes jugées suspectes, qui irritent fortement la population afghane, sont un des sujets récurrents de friction entre M. Karzaï et ses alliés occidentaux, qui les estiment indispensables.